Le conseil des ministres du 11 décembre 2024 a apporté son lot de nominations diplomatiques et politiques en Haïti. Si ces décisions suscitent des réactions, c’est surtout l’âge des personnalités nommées et les soupçons de corruption qui retiennent l’attention. Cette tendance soulève des questions sur le renouvellement de la classe politique haïtienne, la gestion opaque des ressources publiques, et la place réservée aux jeunes dans les affaires publiques.
Une diplomatie confiée à une génération vieillissante
Parmi les personnalités diplomatiques fraîchement nommées, la majorité se situe dans une tranche d’âge comprise entre 68 et 79 ans, selon Radio Télé Métronome Haïti. Quelques exemples illustrent cette tendance :
- Pierre Ericq Pierre, nommé à l’ONU, affiche 79 ans.
- Anthony Dessources, désigné pour le Canada, a également 79 ans.
- Lilas Desquiron, nouvelle représentante à l’UNESCO, a 78 ans.
- Lionel Délatour, futur ambassadeur aux États-Unis, est âgé de 74 ans.
- Alrich Nicolas, délégué auprès de l’Union européenne, a 68 ans.
Seules deux exceptions viennent briser cette dynamique : Louino Volcy, 35 ans, nommé en France, et Woodly Edson Louidor, un jeune diplomate en République dominicaine. Toutefois, ce dernier est déjà sur la sellette. Selon des sources proches du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), son apparence, notamment sa coiffure, est critiquée. Il pourrait être remplacé par Fritz Longchamps, septuagénaire et ancienne figure diplomatique.
Pour es autres nominations annoncées :
- Leslie David représentera Haïti en Colombie.
- Hubert Labbé rejoint le Mexique.
- Olga Médor Ducasse est envoyée en Argentine.
- Hervé Saint-Louis prend ses fonctions au Chili.
- Harold Joseph s’installe au Japon.
- Jean Mary Vaval a été nommé au Venezuela.
- Evens Souffrant sera ambassadeur au Vatican.
Ces choix s’inscrivent dans une diplomatie en mutation, influencée par une mouvance politique dirigée par une figure ayant exercé deux mandats présidentiels.
Ce groupe, le CPT, formé d’une génération de politiciens aux pratiques controversées, dirige Haïti depuis 1990. Il est perçu comme un repaire de dirigeants en quête de privilèges selon #métronomeHaïti. Ces membres, accusés en complicité avec la communauté internationale, cherchent à maintenir leur pouvoir sans se préoccuper des conditions catastrophiques dans lesquelles vit la majorité des Haïtiens. Cette critique s’amplifie lorsque des scandales comme l’affaire de la Banque Nationale de Crédit (BNC) éclatent. Trois conseillers présidentiels impliqués, Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire, et Smith Augustin, refusent de démissionner malgré leur implication supposée, paralysant ainsi toute tentative de résolution.
Les rares nominations de jeunes diplomates, comme Louino Volcy, ne suffisent pas à compenser une tendance générale de concentration des postes de pouvoir entre les mains de septuagénaires. La mise en cause de Woodly Edson Louidor, basée sur des critères superficiels comme son apparence, révèle les difficultés structurelles auxquelles les jeunes font face dans ce système.