Digicel Haïti : un réseau en panne, des clients dépouillés

Depuis des mois, les clients de la Digicel, opérateur majeur en Haïti, multiplient les plaintes sur les réseaux sociaux. Factures exorbitantes, qualité de service déplorable, silence des dirigeants face aux interruptions régulières : l’indignation gronde. Dans un pays en proie à une crise multidimensionnelle, les failles d’un des principaux fournisseurs de télécommunications accentuent les frustrations d’une population déjà éprouvée.

Des pannes récurrentes : un lourd fardeau pour les usagers

Le dernier incident en date, survenu le 5 décembre 2024, a plongé des milliers d’utilisateurs dans l’impossibilité d’accéder à Internet et à certains appels, tant locaux qu’internationaux. Digicel a évoqué trois coupures majeures sur son infrastructure de fibre optique : deux causées par des tirs et une par une inondation. Bien que ces explications puissent sembler valables, elles peinent à calmer les critiques.

En effet, ce n’est pas la première fois que l’entreprise essuie un tel revers. Le 23 octobre 2024, une panne similaire due à une coupure de fibre optique à Arcahaie avait paralysé les services, notamment MonCash, les appels internationaux et l’accès Internet. Plus grave encore, en septembre, une autre interruption majeure avait privé les clients de connexion pendant plus d’une semaine.

Une population prise en otage par un monopole

Ces interruptions répétées révèlent l’extrême dépendance des Haïtiens à Digicel, qui domine avec Natcom le marché des télécommunications. Malgré des tarifs jugés exorbitants, l’opérateur semble incapable d’assurer un service fiable et continu. Dans un contexte où l’Internet et les télécommunications sont essentiels pour l’éducation, les affaires, et même les paiements via MonCash, chaque panne est un drame.

Au-delà des dysfonctionnements techniques, c’est le silence de l’État et du Conseil National des Télécommunications (Conatel) qui indigne le plus. Accusés de complicité passive, ces institutions permettent à Digicel de continuer à pratiquer des politiques tarifaires abusives sans être inquiétée.

Les réseaux sociaux sont devenus la tribune des frustrations. « Nous payons des fortunes pour un service inexistant », déplore un utilisateur sur X (ancien Twitter). « Digicel ne se soucie pas de ses clients, elle profite de la misère », ajoute un autre. Ces voix reflètent un ras-le-bol général, non seulement envers l’entreprise, mais aussi envers un système qui semble fait pour protéger les puissants au détriment de la population.

Et maintenant ?

Face à ces multiples pannes, une question se pose : où va l’argent des clients ? Pourquoi, malgré des revenus conséquents, Digicel n’investit-elle pas davantage dans la sécurisation de ses infrastructures ?

En Haïti, la situation de la Digicel illustre un problème plus large : l’absence de régulation efficace, la faiblesse de l’État face aux grandes entreprises, et la résignation forcée d’une population sans alternatives.

Alors que les Haïtiens réclament des solutions, une certitude demeure : le monopole de Digicel, sans oublier Natcom, tant qu’ils ne seront pas contestés, continueront à profiter de l’impunité pour offrir un service en deçà des attentes d’une clientèle déjà à bout.

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