Dans une décision qui a fait l’effet d’une bombe, le président Joe Biden a choisi d’utiliser l’un des pouvoirs les plus controversés de la présidence américaine : la grâce présidentielle. Ce dimanche 1er décembre, à quelques semaines de quitter la Maison Blanche, Biden a gracié son fils Hunter, poursuivi pour fraude fiscale et détention illégale d’arme à feu. Une volte-face inattendue pour un président qui avait pourtant affirmé qu’il ne mêlerait jamais la politique à la justice, même pour protéger un membre de sa famille.
Une décision justifiée ou politisée ?
Selon Joe Biden, Hunter n’a été visé par la justice que parce qu’il est son fils. Dans un communiqué, le président a dénoncé ce qu’il considère comme une « erreur judiciaire » motivée par des intérêts politiques. « En essayant de briser Hunter, ils ont essayé de me briser », a-t-il déclaré, visant directement ses adversaires républicains au Congrès, qu’il accuse d’avoir orchestré ces poursuites.
Hunter Biden risquait de lourdes peines : jusqu’à 17 ans pour fraude fiscale et 25 ans pour usage illégal d’arme à feu. Pourtant, jusqu’en septembre dernier, Joe Biden avait fermement nié toute intention de recourir à une grâce présidentielle. Ce revirement soulève des questions sur l’indépendance du système judiciaire et sur l’intégrité du président lui-même.
Un précédent controversé
Les critiques n’ont pas tardé à pleuvoir, y compris dans le camp démocrate. Jared Polis, gouverneur du Colorado, a exprimé sa déception face à une décision qu’il juge préjudiciable pour l’héritage de Joe Biden : « En tant que père, je comprends le désir naturel de protéger son fils, mais cette décision crée un précédent dangereux qui pourrait être exploité par de futurs présidents. »
Les républicains, quant à eux, voient cette grâce comme la preuve des supposées « pratiques douteuses » de la famille Biden. James Comer, à l’origine des enquêtes parlementaires visant les Biden, a affirmé que cette décision reflète une tentative désespérée d’éviter de rendre des comptes.
Donald Trump, rival politique de longue date, a également saisi l’occasion pour critiquer Biden sur son réseau Truth Social, accusant la famille présidentielle de bénéficier d’un traitement de faveur inacceptable.
Une pratique présidentielle loin d’être isolée
Bien que controversée, cette décision n’est pas sans précédent. Donald Trump lui-même avait gracié Charles Kushner, le père de son gendre Jared, en 2020, peu avant de quitter la Maison Blanche. Ce geste, perçu à l’époque comme un abus de pouvoir, rappelle que les relations familiales ont souvent influencé l’usage de la grâce présidentielle.
Pourtant, le contexte de cette affaire est particulièrement sensible : la décision de Joe Biden intervient à un moment où les tensions politiques aux États-Unis sont exacerbées, notamment avec l’arrivée prochaine d’un président républicain déterminé à cibler ses ennemis, dont la famille Biden.
Une tache sur le mandat de Biden
Alors que Joe Biden s’apprête à quitter la présidence, cette grâce risque de ternir durablement son image. Présentée comme un geste paternel, elle est perçue par beaucoup comme une abdication des principes qu’il avait juré de défendre. L’ironie est amère : un président qui prônait l’intégrité et la séparation des pouvoirs achève son mandat sous le poids d’une controverse qui ébranle la confiance en la justice et en la présidence américaine.
Ce chapitre final de la présidence Biden reflète les complexités et contradictions d’un système où la politique, la famille et la justice s’entrelacent de manière inextricable. Une leçon, peut-être, sur les défis que pose l’exercice du pouvoir, même aux plus hauts sommets.