Chronique- James B. Foley pense que Washington doit intervenir en Haïti pour garder la Doctrine de Monroe

Dans une tribune publiée le 19 décembre 2024 par le Miami Herald, James B. Foley, ancien ambassadeur des États-Unis en Haïti, exprime des positions intéressantes sur une éventuelle intervention américaine en Haïti, sous une potentielle administration Trump. À travers cette analyse, nous examinerons les éléments clés de son propos pour comprendre la vision qu’il propose sur le rôle des États-Unis en Haïti et son interprétation des enjeux géopolitiques et sécuritaires.

Une vision d’interventionnisme assumé

James B. Foley argue que, malgré les nombreux défis internationaux auxquels les États-Unis sont confrontés, Haïti finira par forcer l’attention de Washington, que cela soit par le biais de pressions migratoires ou d’une crise humanitaire incontrôlable. Son propos suggère une vision selon laquelle les États-Unis doivent intervenir périodiquement pour rétablir la sécurité en Haïti, bien qu’il qualifie la situation haïtienne de « condition irrémédiable ».

Ce discours soulève une question implicite : pourquoi ce pessimisme sur la capacité d’Haïti à dépasser ses difficultés sans intervention étrangère ? Cette approche sous-entend que le dysfonctionnement du pays justifie une ingérence répétée, un argument qui pourrait refléter une vision paternaliste sur les capacités de souveraineté haïtienne.

L’intervention comme outil de gestion des priorités américaines

Foley évoque son expérience de 2004, lorsque des Marines américains furent déployés en Haïti pour éviter une vague de migrants vers la Floride. Il attribue cette décision à des considérations électorales américaines, démontrant que les enjeux internes des États-Unis priment souvent sur le bien-être de la population haïtienne.

Ce passage met en lumière une instrumentalisation des crises haïtiennes pour des intérêts domestiques américains, révélant une vision utilitariste de l’intervention. Il est également intéressant de noter que Foley qualifie les gangs haïtiens de « tigres de papier », ce qui semble minimiser la complexité du problème de sécurité en Haïti.

Une rhétorique sécuritaire et géopolitique

L’ancien ambassadeur décrit l’anarchie en Haïti comme une menace aux intérêts américains, évoquant même le spectre d’une intervention chinoise si Washington laissait un vide. Ce passage reflète une logique où Haïti est présenté moins comme une nation souveraine que comme un terrain de compétition géopolitique.

Cette perception pourrait expliquer pourquoi Foley estime qu’une intervention, même limitée, serait essentielle pour maintenir la doctrine Monroe, qui garantit l’influence américaine dans l’hémisphère. Cette justification révèle une certaine conception des relations internationales, où les intérêts stratégiques américains surpassent les considérations humanitaires.

Foley propose une intervention rapide des forces américaines, suivie du déploiement de sociétés militaires privées et d’une mission onusienne. Ce schéma soulève des questions sur la pérennité et la responsabilité d’un tel modèle. En effet, l’histoire récente des interventions militaires en Haïti montre que ces approches ont souvent laissé place à des fragilités institutionnelles accrues.

La tribune de James B. Foley reflète une approche interventionniste centrée sur les intérêts stratégiques des États-Unis. Son argumentation repose sur des prémisses qui méritent d’être examinées : l’inévitabilité de l’intervention, la perception d’un dysfonctionnement irrémédiable en Haïti, et la nécessité de maintenir l’influence américaine dans l’hémisphère.

Si cette vision se veut pragmatique, elle soulève également des questions sur le respect de la souveraineté haïtienne et sur la manière dont les crises sont utilisées comme leviers politiques et stratégiques. Une analyse critique de ces propositions est essentielle pour comprendre les dynamiques sous-jacentes des relations entre Haïti et les États-Unis.

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