Inondations meurtrières en Haïti : quand les dirigeants se préoccupent de leur pouvoir et ignorent la détresse du peuple

Haïti est une fois de plus frappée par une série de catastrophes naturelles, révélant l’ampleur des vulnérabilités du pays. Depuis le 30 novembre 2024, des pluies torrentielles s’abattent sur plusieurs départements, provoquant des inondations dévastatrices qui laissent des centaines de familles sans abri et des dizaines de morts, blessés ou disparus. Et pourtant, à la Villa d’accueil de Port-au-Prince, le Conseil présidentiel de transition (CPT) et le gouvernement semblent plus préoccupés par leur survie politique que par les souffrances du peuple.

Une situation dramatique ignorée par les autorités

À Jérémie, chef-lieu du département de la Grande-Anse, les intempéries ont causé des pertes humaines tragiques : 3 morts, 13 blessés et 3 disparus. Dans cette même région, des maisons ont été inondées à Versailles et Source Dommage. Les glissements de terrain, les routes détruites et les infrastructures agricoles dévastées isolent les communautés les plus vulnérables.

Dans le Sud, ce sont plus de 4 175 familles qui ont été touchées par des inondations entre le 10 et le 12 novembre. À Les Cayes, Torbeck et Port-Salut, des maisons submergées et des glissements de terrain amplifient la détresse des populations déjà en proie à la pauvreté. Pourtant, les autorités ont simplement appelé à la vigilance, sans proposer de solutions concrètes à la hauteur des défis.

Plus récemment, au Cap-Haïtien, les inondations ont causé la mort d’un enfant et plongé plusieurs quartiers sous l’eau. Ce triste bilan s’ajoute à celui de Jérémie, où deux garçons sont morts entre le 23 novembre et le 2 décembre. Pendant que les citoyens subissent cette double peine de la nature et de l’inaction gouvernementale, les leaders politiques semblent s’accrocher à des préoccupations dérisoires, ignorant ostensiblement la détresse collective.

Des dirigeants déconnectés des réalités

Le contraste est frappant. Le 4 décembre, tandis que des familles luttaient pour sauver ce qui leur reste de biens et de dignité, le gouvernement tenait un Conseil des ministres à Port-au-Prince. À l’ordre du jour ? La désignation de membres pour le Conseil électoral provisoire (CEP) et des nominations à la Direction générale des impôts (DGI). Aucune mention des sinistrés, des infrastructures détruites ou de l’urgence humanitaire. Ce silence assourdissant en dit long sur les priorités de ceux qui prétendent gouverner.

Magalie Georges et Yves Marie Édouard, désignés au CEP, symbolisent une politique de déconnexion totale. Le processus de leur nomination, qualifié d’unilatéral par des acteurs de la société civile, a davantage suscité des critiques sur la légitimité des dirigeants que des discussions sur l’urgence climatique ou les conditions de vie dégradantes dans les régions affectées.

Une transition politique vide de sens

Les discours du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé sur une transition inclusive et des réformes constitutionnelles sonnent creux face à la réalité. L’élaboration de « plans d’action concrets » par les ministères reste un exercice bureaucratique inutile si ces actions n’intègrent pas les besoins urgents de sécurité, de logement, de santé et d’aide alimentaire des populations. Où sont les mesures pour garantir une réponse rapide aux inondations ?

Alors que les responsables politiques se félicitent de leur prétendue gouvernance inclusive, les fonds alloués à la reconstruction et à la sécurité restent invisibles sur le terrain. Pire, les priorités affichées – élections, réforme constitutionnelle et conférences nationales – passent pour des manœuvres dilatoires détachées des souffrances quotidiennes des citoyens.

Les catastrophes naturelles révélatrices d’un échec systémique

Haïti est depuis longtemps un pays exposé aux catastrophes naturelles, mais l’ampleur des dégâts aurait pu être limitée avec des mesures préventives adéquates. La clôture symbolique de la saison cyclonique, annoncée il y a cinq jours, est un acte dénué de sens dans un pays où les infrastructures sont en ruines, où les digues cèdent au moindre orage et où l’aménagement du territoire reste un concept étranger.

Les 5,2 millions de dollars annoncés pour un plan d’action dans le Sud ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan de besoins non satisfaits. Si les autorités ne se mobilisent pas pour une gestion efficace et transparente de ces fonds, les populations sinistrées resteront abandonnées, comme cela a été le cas lors de catastrophes précédentes.

La colère monte : l’heure des comptes approche

Les Haïtiens n’attendent plus grand-chose de leurs dirigeants, mais leur indignation face à l’inaction et à l’irresponsabilité atteint son paroxysme. L’absence de réaction face aux crises humanitaires répétées alimente un sentiment de trahison. Pourquoi les ministères, mobilisés pour des réformes constitutionnelles, restent-ils silencieux face à la destruction des moyens de subsistance des citoyens ?

La transition politique, au lieu d’être un espoir pour le pays, devient une farce tragique. La désignation de représentants controversés au CEP, les querelles de pouvoir et les priorités détournées témoignent d’une classe dirigeante déconnectée, plus soucieuse de conserver ses privilèges que de servir ceux qui l’ont mise en place.

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