Affaire BNC : les accusés refusent de répondre à la justice, un affront à la lutte contre la corruption

Une justice défiée par les absences stratégiques

Dans l’affaire retentissante de la Banque Nationale de Crédit (BNC), les principaux accusés, dont trois conseillers présidentiels, multiplient les manœuvres pour éviter la justice. Emmanuel Vertilaire, Louis Gérald Gilles et Smith Augustin, convoqués les 9, 10 et 11 décembre respectivement, ont refusé de se présenter devant le juge d’instruction Benjamin Félismé. Par le biais de leurs avocats, ils ont contesté la compétence du tribunal, invoquant une décision antérieure rendue par le même juge en 2020.

Lonick Léandre, également impliqué, ne s’est pas présenté à sa convocation le 5 décembre, prétextant un séjour à l’étranger. Son avocat a demandé un report de l’audience, tandis que l’ex-président du conseil d’administration de la BNC, Raoul Pierre-Louis, a conditionné sa comparution à des garanties de sécurité ou à une audition en visioconférence.

Des accusations graves et des blocages institutionnels

Les accusés font face à des chefs d’accusation lourds : abus de fonction, pot-de-vin et corruption passive. Selon Raoul Pierre-Louis, les conseillers auraient exigé 100 millions de gourdes pour maintenir son poste, une accusation qu’ils réfutent.

Le scandale a paralysé le Conseil présidentiel de transition (CPT), dirigé par Leslie Voltaire. Malgré des pressions nationales et internationales exigeant leur démission, les conseillers incriminés continuent de s’accrocher à leurs postes, invoquant la présomption d’innocence. Ce statu quo bloque des décisions essentielles, allant de nominations à l’organisation même d’un conseil des ministres.

Une affaire révélatrice des défis de la lutte contre la corruption

Alors que l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC) a recommandé des poursuites pour corruption passive, les accusés persistent à défier la justice, érodant la confiance dans les institutions haïtiennes. Le juge Félismé, confronté à des absences et des contestations de compétence, peine à avancer sur ce dossier, pourtant crucial pour la lutte contre l’impunité.

Cette affaire, marquée par des stratégies dilatoires et des défis institutionnels, interroge sur l’avenir de la justice en Haïti. La capacité des autorités à forcer les protagonistes à répondre de leurs actes sera déterminante. À défaut, ce scandale pourrait entacher durablement la crédibilité des efforts anti-corruption du pays.

Les prochaines semaines seront cruciales pour cette affaire emblématique. La justice se pliera-t-elle aux manœuvres des accusés, ou trouvera-t-elle les moyens de faire respecter la loi ? En attendant, l’absence de sanctions renforce un climat de méfiance généralisée envers les institutions haïtiennes, entravant les espoirs de transparence et de reddition de comptes.

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