Le maître américain supervise le CEP : le 13 décembre, il inspecte, et le 14, il est prêt pour de futures élections

Haïti – CEP : entre visites diplomatiques et finalisation laborieuse, le Conseil Électoral Provisoire semble enfin prêt pour les élections. Mais à quel prix ?

Le jeudi 12 décembre 2024, une délégation américaine dirigée par l’ambassadeur Dennis Hankins a honoré le Conseil Électoral Provisoire (CEP) d’une visite remarquée. L’objectif ? Réaffirmer l’appui des États-Unis au processus référendaire et électoral haïtien.

Dans un contexte où la souveraineté nationale est souvent reléguée au second plan, cette démarche est présentée comme une marque de soutien, mais certains y voient une illustration de la tutelle américaine sur les institutions clés du pays. Après tout, rien ne peut se faire sans le regard approbateur du « maître ».


Le CEP enfin complet : mission (presque) accomplie

Le lendemain, 13 décembre, le Conseil Électoral Provisoire a complété son effectif avec la prestation de serment de Magalie Georges et Yves Marie Edouard, respectivement représentants des droits humains et des femmes. Cette cérémonie, tenue à l’École de la magistrature de Pétion-Ville, marque une étape cruciale dans la mise en place des institutions démocratiques promises par le gouvernement de transition.

Les deux nouvelles recrues rejoignent les sept autres membres déjà en place, formant enfin un conseil au complet. Mais derrière cette avancée, des contestations et des accusations continuent de planer, jetant une ombre sur la légitimité du CEP.


Un théâtre d’oppositions internes

La désignation des représentants des secteurs des droits humains et des femmes n’a pas été sans heurts. Magalie Georges, choisie pour représenter les droits humains, a fait face à une vive opposition de plusieurs organisations, qui dénoncent une violation flagrante de l’accord d’avril 2024 sur la transition démocratique.

Le camp de Me Gédéon Jean, écarté au profit de Georges, parle d’un « coup d’État institutionnel ». Des organisations de droits humains ont même saisi le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire pour protester contre cette décision, renforçant l’idée que le CEP est davantage un champ de bataille politique qu’un organe neutre.


Entre tutelle et souveraineté

Les paroles de Leslie Voltaire, président du Conseil présidentiel de transition, se veulent rassurantes. Il a salué « un pas vers la légitimité des institutions démocratiques » et exhorté les nouveaux conseillers à remplir leur mission avec conviction.

Cependant, la réalité est plus complexe. Entre les contestations locales et l’omniprésence de partenaires internationaux, dont les États-Unis, la question se pose : le CEP est-il réellement au service de la souveraineté haïtienne ou est-il un rouage d’un mécanisme supervisé par des intérêts extérieurs ?

Avec le CEP désormais opérationnel, les yeux sont tournés vers les prochaines étapes du processus électoral. Les États-Unis ont réitéré leur soutien, mais cette dynamique d’accompagnement ressemble davantage à une surveillance étroite.

L’histoire récente d’Haïti nous rappelle que les interventions étrangères, bien qu’enrobées de bonnes intentions, s’accompagnent souvent de compromis lourds pour la souveraineté nationale. Les prochains mois diront si le CEP saura répondre à sa mission ou s’il restera un symbole des contradictions politiques du pays.

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