En 2024, El Salvador a enregistré un chiffre record de 114 homicides, une baisse historique qui contraste fortement avec les 6 656 assassinats rapportés en 2015, année marquée par un taux de 103 meurtres pour 100 000 habitants. Ce bilan de 2015, l’un des plus sombres de l’histoire moderne du pays, reflétait une violence endémique depuis la fin de la guerre civile.
Le président Nayib Bukele a profité de l’inauguration d’un centre de données industriel en juillet 2024 pour réaffirmer son engagement en faveur de la sécurité. Selon lui, El Salvador est désormais « le pays le plus sûr de l’hémisphère occidental ».
Le parquet général a confirmé que le pays avait enregistré une moyenne de 0,3 homicide par jour en 2024. Ces chiffres n’incluent pas cinq décès de présumés membres de gangs, abattus lors d’affrontements avec les forces de sécurité. Avec une taux national de 1,9 homicide pour 100 000 habitants, le Salvador semble avoir inversé sa trajectoire, passant du statut de pays parmi les plus dangereux au monde à celui d’un exemple de stabilité régionale.
Cette transformation s’enracine dans une politique radicale mise en œuvre après une vague meurtrière en mars 2022, lorsque les gangs avaient tué 62 personnes en une seule journée. En réponse, le Congrès a instauré un état d’exception à la demande de Bukele, suspendant plusieurs droits fondamentaux pour intensifier la lutte contre ces groupes criminels.
Pendant des décennies, les gangs contrôlaient jusqu’à 90 % du territoire, imposant leur propre loi, extorquant près de 2 milliards de dollars et assassinant ceux qui refusaient de payer. Sous le régime d’exception, les forces de sécurité ont acquis des pouvoirs étendus, incluant des arrestations prolongées jusqu’à 15 jours sans audience et la surveillance des télécommunications sans mandat judiciaire.
Des réformes législatives ont également été adoptées pour criminaliser l’appartenance à une bande, punie de 20 à 40 ans de prison, et imposer des peines allant jusqu’à 60 ans pour les leaders de gangs. Depuis, plus de 83 000 individus soupçonnés de liens avec ces groupes ont été arrêtés, tandis que 8 000 innocents ont été relâchés, selon le gouvernement.
Cependant, cette politique controversée a suscité des inquiétudes parmi les défenseurs des droits humains. Plus de 6 000 plaintes pour abus ont été déposées, et 354 décès en détention ont été documentés.
En comparaison, 2023 avait déjà marqué un progrès avec 214 homicides enregistrés, incluant 38 présumés membres de gangs tués lors de confrontations. L’année 2024, avec seulement un meurtre signalé en décembre, est un témoignage frappant des efforts pour éradiquer la violence au Salvador.
Alors que certains applaudissent la baisse drastique de la criminalité, d’autres soulignent le coût humain et juridique de ces mesures. Quoi qu’il en soit, le Salvador s’est imposé comme un cas d’étude majeur dans la lutte contre la criminalité organisée.