À Petite-Rivière-de-l’Artibonite, une vague de violence populaire s’est abattue sur ceux accusés de soutenir le gang « Gran-Grif », membre de la coalition criminelle « Viv ansanm ». Selon les premières estimations de la Commission de dialogue pour sauver l’Artibonite, plus de 150 présumés complices ont été lynchés entre le 7 décembre 2024 et début janvier 2025.
La reprise de la commune par la Police nationale d’Haïti (PNH), avec l’appui d’un contingent kenyan de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMAS), a marqué le début de cette traque. Les habitants, exaspérés par les exactions du gang dirigé par Luckson Élan, ont formé des groupes pour identifier et éliminer les complices présumés.
Soutenus par des membres de la résistance locale, les civils ont fouillé quartiers et domiciles à la recherche de suspects. Ceux identifiés ont été lynchés sur-le-champ, et leurs corps souvent jetés dans le fleuve de l’Artibonite. Cette réponse violente, nourrie par des années d’abus subis par la population, a également poussé des proches des criminels présumés à fuir vers des zones isolées pour échapper à la colère populaire.
Du côté des forces de sécurité, six membres du gang ont été abattus lors de récents affrontements. Cependant, aucune saisie d’armes à feu n’a été rapportée, et seules des têtes de bétail volées ont été récupérées. La tension reste vive après l’incendie, vendredi dernier, d’un véhicule blindé par le gang « Gran-Grif », qui a contraint les forces déployées à revoir leurs stratégies d’intervention.
Ce climat de violence et de représailles témoigne de la profonde frustration des habitants face à l’impuissance des autorités à rétablir la sécurité. Toutefois, cette escalade pose de graves questions sur le respect des droits humains et les risques d’injustice aveugle dans une région déjà marquée par l’instabilité.