Nicolas Sarkozy et l’affaire du financement Libyen : Ziad Takieddine persiste dans ses accusations

Alors que le procès lié à l’affaire du financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy s’ouvre ce 6 janvier, Ziad Takieddine, acteur clé de cette affaire, maintient fermement ses déclarations. Bien qu’en exil au Liban, l’homme d’affaires franco-libanais réitère ses accusations et critique les manquements dans la procédure judiciaire.

Un Procès Sous Haute Tension

L’ancien président Nicolas Sarkozy, déjà condamné dans l’affaire Bismuth et impliqué dans plusieurs autres dossiers, est soupçonné d’avoir conclu un accord illicite avec Mouammar Kadhafi à la fin de 2005. Ce « pacte de corruption », négocié avec l’aide de ses proches collaborateurs Claude Guéant et Brice Hortefeux, aurait permis à Kadhafi d’apporter un soutien financier massif à sa campagne. Parmi les intermédiaires présumés, Ziad Takieddine affirme que « jusqu’à 50 millions d’euros » auraient été versés par le régime libyen pour soutenir l’accession de Sarkozy à l’Élysée.

Dans une interview accordée à RTL ce 6 janvier, Ziad Takieddine déclare : « Sarkozy est allé voir Kadhafi. Il lui a demandé de l’argent. Je peux confirmer que cet argent a été transféré. » Ces propos ravivent une affaire qui continue de secouer l’opinion publique et la classe politique française.

Des Déclarations Changeantes mais Persistantes

La version de Ziad Takieddine a évolué à plusieurs reprises au fil des années, alimentant à la fois les doutes et l’intérêt autour de cette affaire. En 2016, dans une vidéo publiée par Mediapart, il affirmait avoir personnellement remis cinq millions d’euros en liquide à Nicolas Sarkozy et à Claude Guéant entre 2006 et 2007. Quelques années plus tard, il était revenu sur ses dires en exonérant l’ancien président, avant de finalement revenir à ses accusations initiales.

Malgré ces contradictions, Takieddine s’est montré catégorique dans ses dernières déclarations, accusant les proches de Sarkozy d’avoir facilité ces transactions. « Je suis prêt à répondre à la justice, mais depuis le Liban », a-t-il déclaré, dénonçant l’absence de convocation formelle pour ce procès.

L’entourage de Nicolas Sarkozy continue de rejeter fermement les accusations portées par Takieddine. Christophe Ingrain, avocat de l’ancien chef de l’État, souligne les incohérences répétées du témoignage de l’homme d’affaires. « Dans ce dossier, nous avons compté au moins 16 versions différentes de sa part. Ce que vous rapportez aujourd’hui pourrait bien être une 17e version, à considérer avec la même prudence que les précédentes », a-t-il déclaré sur RTL.

Malgré ces déclarations, la défense de Sarkozy n’a pas dissipé les interrogations persistantes sur les relations financières entre le régime de Kadhafi et l’équipe de campagne de 2007.

Condamné pour diffamation envers Claude Guéant en 2020 et mis en examen depuis 2016 pour complicité de corruption et trafic d’influence, Ziad Takieddine ne sera pas présent au tribunal ce lundi. En fuite au Liban, où il s’est réfugié, il assure néanmoins être disponible pour répondre aux questions de la justice française, à condition que cela se fasse à distance.

Cette absence physique soulève des questions sur l’impact de son témoignage dans une affaire déjà complexe. En parallèle, Takieddine est également impliqué dans l’affaire Karachi, où il attend un jugement en appel prévu le 21 janvier.

L’affaire du financement libyen continue de peser lourdement sur la réputation de Nicolas Sarkozy, ternissant davantage son héritage politique. Si ses partisans dénoncent une chasse aux sorcières judiciaire, ses détracteurs rappellent l’importance de faire toute la lumière sur ces accusations qui mettent en cause les principes fondamentaux de la démocratie et de la transparence en politique.

En toile de fond, ce procès s’inscrit dans une longue série de scandales politico-financiers en France, révélant les relations opaques entre certains dirigeants et des régimes étrangers controversés. Alors que la vérité reste partiellement voilée, ce nouveau chapitre promet de raviver les débats sur la moralité et l’éthique des élites politiques.

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