États-Unis et modernisation de la police dominicaine : Richard Nixon et un partenariat historique

En 1971, sous l’administration du président américain Richard Nixon, un accord stratégique a été signé entre le département d’État des États-Unis, via l’Agence Internationale pour le Développement (USAID), et le ministère dominicain de l’Intérieur et de la Police. Cet accord avait pour objectif ambitieux de moderniser la police nationale dominicaine en la dotant de compétences, de ressources et de structures modernes pour assurer la sécurité publique et le maintien de l’ordre.

Cet accord faisait suite à une série de troubles politiques, notamment l’enlèvement du colonel américain Donald J. Crowley en 1970. Cet incident avait profondément inquiété l’administration Nixon, qui voyait dans la modernisation de la police dominicaine une solution pour stabiliser le pays et renforcer les institutions démocratiques face aux troubles sociaux et aux mouvements violents.

Le 22 juillet 1971, Richard Nixon approuve donc un partenariat visant à créer une force policière efficace et professionnelle, capable de contrôler les émeutes et de répondre aux défis sécuritaires croissants.

L’accord a été signé par John P. Robinson, directeur de l’USAID en République dominicaine, le général Joaquín Méndez Lara, chef de la police nationale, et Francisco Antonio Canela, secrétaire d’État dominicain à l’Intérieur et à la Police.

Les termes de l’accord incluaient :

  • L’envoi de 17 officiers dominicains à Washington pour suivre une formation spécialisée.
  • La prise en charge des coûts des cours par l’USAID, tandis que le gouvernement dominicain s’engageait à payer les salaires des stagiaires ainsi que les frais de voyage aller-retour entre Saint-Domingue et Washington.
  • Un investissement initial de 150 000 dollars pour moderniser le centre d’entraînement Borinquen et 40 000 dollars pour équiper le laboratoire d’armes à feu de la police à Saint-Domingue.

L’accord comprenait un programme en 14 sous-projets détaillés, allant de la formation des recrues à l’introduction de nouvelles technologies. Voici les principaux axes :

  1. Contrôle des émeutes : Former une unité spécialisée de 600 agents pour gérer les manifestations et les troubles civils à Saint-Domingue et dans d’autres villes.
  2. Formation rurale : Établir des unités régionales pour fournir un soutien sécuritaire dans les zones rurales souvent négligées.
  3. Enseignement de base en académie : Former 5 000 recrues dans l’école Borinquen pour renforcer les effectifs policiers.
  4. Éducation au leadership : Développer des programmes de formation pour les officiers supérieurs et subalternes, avec des séminaires et ateliers réguliers.
  5. Entraînement au maniement des armes : Équiper la police de nouvelles armes et fournir une formation appropriée pour relever les défis sécuritaires.
  6. Administration policière : Créer une unité de planification stratégique et moderniser les structures administratives.
  7. Contrôle du trafic : Mettre en place un système moderne et efficace pour gérer la circulation dans les zones urbaines.
  8. Laboratoire de criminologie : Établir un laboratoire central pour mener des enquêtes scientifiques et collecter des preuves légales.
  9. Registres d’identification : Introduire un système de fichage national et régional pour identifier les citoyens et les criminels.

Bien que le programme ait introduit des réformes significatives, il a également rencontré des obstacles. Selon l’accord, le manque de compréhension des concepts modernes par les dirigeants policiers constituait l’un des principaux freins à la mise en œuvre. Toutefois, des avancées notables ont été réalisées, notamment dans l’intégration de techniques modernes de gestion et de formation.

Le partenariat a permis :

  • La création de nouvelles unités de planification.
  • La réduction des effectifs policiers pour une gestion plus efficace.
  • L’expansion des services policiers dans les zones rurales, offrant une protection accrue aux communautés éloignées.

L’héritage de l’accord Nixon

Cette initiative s’inscrit dans une période où les États-Unis jouaient un rôle actif dans le renforcement des forces de sécurité en Amérique latine, souvent dans le cadre de la lutte contre les mouvements insurrectionnels et pour stabiliser les régimes alliés.

L’accord a laissé un héritage mixte : d’une part, il a modernisé certains aspects de la police dominicaine, mais d’autre part, il a soulevé des questions sur la dépendance aux financements étrangers et sur les limites des réformes imposées de l’extérieur.

L’accord entre les États-Unis et la République dominicaine sous l’administration Nixon illustre les efforts pour adapter les forces de sécurité locales aux défis contemporains. Cependant, les tensions politiques et les besoins locaux ont parfois limité la portée des changements.

Avec ses 14 sous-projets ambitieux, ce partenariat reste une référence historique pour comprendre comment les influences étrangères ont façonné les institutions sécuritaires dans les pays d’Amérique latine.

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