L’ancien président bolivien Evo Morales fait face à une nouvelle controverse : un mandat d’arrêt a été émis à son encontre dans une affaire de traite de mineure, une accusation qu’il dénonce comme un outil de persécution politique. Cet événement intervient alors que Morales cherche à revenir sur la scène politique nationale, en conflit ouvert avec son ancien allié et actuel président, Luis Arce
Le 17 janvier, un tribunal de Tarija, au sud de la Bolivie, a ordonné l’arrestation d’Evo Morales après son absence répétée à des convocations judiciaires. Le juge Nelson Rocabado a également gelé les biens de l’ex-président et interdit son départ du territoire bolivien. Cette décision s’inscrit dans une procédure liée à des faits supposés remontant à 2015, où Morales, alors âgé de 56 ans, aurait entretenu une relation avec une adolescente de 15 ans avec le consentement des parents, en échange d’avantages. Une fille serait née de cette relation un an plus tard
Morales rejette ces accusations, qualifiant la justice de « partiale et soumise » au gouvernement de Luis Arce. Sur son compte X, l’ancien président a dénoncé une tentative de l’écarter des prochaines élections présidentielles prévues en août.
Evo Morales, premier président indigène de la Bolivie et leader historique du Mouvement vers le Socialisme (MAS), accuse son ancien protégé, le président Luis Arce, de mener une « guerre juridique » pour le neutraliser politiquement. Cette rivalité interne au MAS reflète les luttes de pouvoir qui agitent la gauche bolivienne, à un moment où le pays fait face à des défis économiques et sociaux majeurs.
Morales aspire à briguer un nouveau mandat présidentiel, malgré une décision récente de la Cour constitutionnelle qui confirme l’inéligibilité des anciens présidents ayant exercé plus de deux mandats.
Alors que Morales est retranché dans son fief du Tropico de Cochabamba, ses partisans, notamment des paysans indigènes, organisent des mobilisations pour protester contre ce qu’ils considèrent comme une persécution judiciaire. Début janvier, une marche de quatre jours a culminé dans des manifestations à La Paz, entraînant des affrontements avec la police et l’arrestation de 41 manifestants.
Ces mobilisations rappellent l’influence persistante de Morales, qui reste une figure incontournable pour une partie de la population bolivienne. Ses soutiens, estimés à plus de 2 000 personnes, assurent sa sécurité 24 heures sur 24 dans la région du Chapare, selon Vicente Choque, un dirigeant syndical proche de l’ancien président.
La procureure en charge du dossier, Sandra Gutierrez, a précisé que Morales encourt une peine de 10 à 15 ans de prison s’il est reconnu coupable. Elle a également souligné que des barrages routiers avaient été érigés par ses partisans pour protester contre les actions judiciaires, rendant l’affaire particulièrement sensible sur le plan politique et social.
Bien que Morales affirme qu’une enquête similaire a été classée sans suite en 2020, les autorités judiciaires maintiennent que de nouvelles preuves justifient la relance de la procédure.
L’affaire Evo Morales met en lumière les tensions croissantes en Bolivie, où les luttes politiques et les conflits sociaux s’intensifient. Le retour éventuel de Morales au pouvoir reste un sujet de division profonde, alimenté par des accusations de corruption, des affrontements internes au MAS et une économie fragilisée.