Depuis le début de son second mandat, Donald Trump a intensifié sa politique de lutte contre l’immigration illégale, annonçant ce qu’il qualifie de « plus grande expulsion de l’histoire américaine ». Cette mesure a déclenché une vague d’arrestations et de renvois massifs orchestrés par les services de l’immigration et des douanes (ICE). Avec plus de 3 500 personnes arrêtées en quelques jours et des avions militaires mobilisés pour les expulsions, cette politique suscite de vives réactions dans les pays concernés.
Le Mexique : Coopération et limites
En 2022, on estimait à plus de quatre millions le nombre d’immigrants mexicains en situation irrégulière aux États-Unis. Dès son investiture, Trump a déclaré l’état d’urgence à la frontière sud et envoyé 1 500 soldats en renfort. Il a également désigné les cartels mexicains comme des organisations terroristes et a renommé le golfe du Mexique en « golfe d’Amérique ».
Face à ces mesures, le Mexique a accepté de recevoir ses ressortissants expulsés. Le programme d’aide aux déportés, « Le Mexique vous accueille », leur fournit assistance alimentaire, soins médicaux et aide administrative. Toutefois, le gouvernement mexicain a précisé qu’il n’accueillerait pas les immigrants non mexicains expulsés par les États-Unis. Malgré ces déclarations, il a accepté plus de 4 000 déportés, dont certains originaires d’autres pays.
Le Salvador : Une coopération sous conditions
Avec 750 000 ressortissants en situation irrégulière aux États-Unis, le Salvador est l’un des pays les plus concernés. Washington tente de conclure un accord pour y renvoyer des migrants d’autres nationalités. Cet accord, initialement proposé sous la première présidence de Trump, n’avait pas été mis en œuvre. Il inclurait des migrants provenant de pays refusant jusqu’ici de reprendre leurs ressortissants, comme le Venezuela.
La Colombie : Un bras de fer diplomatique
En janvier 2025, la Colombie et les États-Unis se sont opposés sur la question des expulsions. Le président colombien Gustavo Petro a refusé d’autoriser l’atterrissage de deux avions militaires américains transportant des déportés. Il a dénoncé un traitement inhumain des migrants, diffusant une vidéo montrant des expulsés ligotés dans un aéroport brésilien.
En réaction, Trump a menacé d’imposer des tarifs douaniers sur les produits colombiens et de restreindre les visas pour les officiels colombiens. Après des négociations, la Colombie a finalement accepté de recevoir ses ressortissants expulsés, permettant le retour d’un premier groupe à Bogota.
Chine : Une acceptation partielle
La Chine, qui comptait environ 375 000 immigrés clandestins aux États-Unis en 2022, a adopté une approche sélective. Pékin a annoncé qu’il accepterait uniquement les expulsés dont la nationalité chinoise continentale est confirmée, excluant ainsi les ressortissants de Hong Kong, Macao et Taïwan. Cette décision s’inscrit dans la politique chinoise visant à distinguer ces territoires de la Chine continentale.
L’Inde : Une approche prudente
Avec 725 000 ressortissants concernés, l’Inde est le troisième pays d’origine des immigrés en situation irrégulière aux États-Unis. Lors d’un échange téléphonique, Trump et le Premier ministre indien Narendra Modi ont abordé la question migratoire. Trump s’est montré confiant quant à une coopération indienne, tandis que le gouvernement indien a rappelé son engagement à lutter contre l’immigration illégale. L’Inde accepte de reprendre ses citoyens sous réserve de vérification de leur nationalité.
Le Guatemala : Une acceptation encadrée
Le Guatemala, qui compte environ 675 000 migrants aux États-Unis, a déjà reçu plusieurs vols de déportation. Le pays avait précédemment indiqué qu’il accepterait les déportés guatémaltèques et d’autres nations d’Amérique centrale, bien que les ressortissants guatémaltèques soient prioritaires pour la réintégration.
Honduras : Un refus qui défie Washington
Le Honduras, avec 525 000 migrants aux États-Unis, adopte une position plus ferme. La présidente Xiomara Castro a menacé de reconsidérer la coopération militaire avec les États-Unis en réponse aux expulsions massives. Sous pression, son gouvernement explore des partenariats alternatifs, notamment avec la Chine, mettant en jeu l’influence américaine dans la région.
Brésil : Des tensions croissantes
En janvier, un vol d’expulsion de 88 Brésiliens a atterri au Brésil après une escale imprévue. Les autorités brésiliennes ont critiqué le traitement infligé aux déportés et exigé des explications de Washington. Cet incident illustre les tensions grandissantes entre les deux nations sur la gestion de l’immigration.
Philippines : Une situation en attente
Les Philippines comptent environ 130 000 immigrants illégaux aux États-Unis. Pour l’instant, aucune arrestation ni expulsion significative n’a été signalée. L’ambassade philippine à Washington conseille cependant aux ressortissants sans papiers de quitter les États-Unis volontairement pour éviter des expulsions forcées.
Une politique qui divise la scène internationale
La politique migratoire de Donald Trump suscite des réactions variées. Certains pays coopèrent à contrecœur, tandis que d’autres contestent ouvertement les méthodes américaines. Entre pressions diplomatiques, accords de rapatriement et tensions commerciales, les prochaines étapes de cette politique pourraient redéfinir les relations des États-Unis avec plusieurs nations à travers le monde.