L’Association Militaire d’Haïti (AMIDH) a récemment intensifié les tensions diplomatiques en demandant officiellement l’expulsion de l’ambassadeur des États-Unis, Dennis Bruce Hankins, accusé d’ingérence dans les affaires internes du pays et de relations présumées avec des gangs. Dans une lettre adressée au Conseil Présidentiel de Transition (CPT), l’AMIDH dénonce des « violations de la souveraineté nationale » ainsi qu’une implication de l’ambassadeur dans des actions contraires aux intérêts de la sécurité et de la stabilité d’Haïti.
Violations de la Convention de Vienne
L’AMIDH accuse l’ambassadeur Hankins de s’immiscer dans la politique interne d’Haïti, ce qui constituerait une violation des articles 41 et 9 de la Convention de Vienne de 1961, qui régit les relations diplomatiques et exige le respect de la souveraineté des États. Le communiqué qualifie les agissements de l’ambassadeur de « grossiers, insultants et provocateurs », notamment par le biais de ses déclarations publiques et de ses supposées rencontres avec des individus recherchés par la Police nationale d’Haïti.
Accusations de rencontres avec des gangs haïtiens
Selon la correspondance de l’AMIDH, l’ambassadeur Hankins aurait entretenu des contacts avec des acteurs criminels, y compris Jimmy Cherisier, alias « Barbecue », un chef de gang notoire en Haïti. Cette accusation repose sur une déclaration supposée de l’ambassadeur, faite lors de l’émission « Le Point » sur Radio Télé Métropole le 24 octobre 2024, où il aurait admis des relations avec certains gangs. Une photo publiée le 26 octobre montre, selon l’AMIDH, l’ambassadeur en présence de Cherisier. Bien que l’ambassade des États-Unis ait nié toute rencontre entre Hankins et des membres de gangs, cette image a déclenché une vague de critiques et de préoccupations pour la sécurité nationale.
Critiques de l’influence internationale en Haïti
Outre les actions de l’ambassadeur américain, l’AMIDH pointe du doigt l’influence d’acteurs étrangers qu’elle juge déstabilisants pour Haïti. Elle accuse Helen Meagher La Lime, ancienne cheffe du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), de soutenir indirectement les gangs en Haïti, en consolidant leur pouvoir et en aggravant l’insécurité. Le document critique également le « programme Biden », qui, selon l’AMIDH, encourage la fuite des ressources humaines qualifiées depuis 2022, affaiblissant ainsi la capacité de réponse du pays face à l’insécurité et la crise actuelle.
Un ultimatum adressé au CPT
Dans cette lettre, l’AMIDH demande au CPT de déclarer Dennis Bruce Hankins « persona non grata » et de lui accorder un délai de 72 heures pour quitter le territoire haïtien. Pour l’instant, le Conseil Présidentiel de Transition n’a pas encore répondu officiellement à cette demande reçue le 6 novembre 2024.
Une crise diplomatique potentielle
Alors qu’Haïti traverse une période critique marquée par une montée de l’insécurité et l’influence grandissante de groupes armés, l’accusation de l’AMIDH contre l’ambassadeur Hankins pose une question fondamentale sur le rôle des diplomates étrangers en Haïti. Le silence du CPT, pour le moment, laisse présager des tractations en coulisses, alors que la situation d’insécurité et les accusations d’ingérence pourraient faire basculer cette affaire en crise diplomatique si les tensions ne sont pas résolues rapidement.
En pleine tourmente sécuritaire, cette situation délicate rappelle l’importance d’un respect mutuel des lois et de la souveraineté pour éviter des actions qui fragiliseraient davantage la stabilité du pays.