La semaine passée a été marquée par une intense lutte de pouvoir au sein de l’élite politique haïtienne, tandis que la population est confrontée à une insécurité grandissante. Les dirigeants du Conseil de la Transition (CPT) et le Premier ministre Garry Conille se disputent la gestion des affaires de l’État, alimentant une situation de crise au sommet de l’État. Dans le même temps, une mission militaire salvadorienne se prépare pour un éventuel déploiement en Haïti, en réponse à la recrudescence de la violence liée aux gangs.
La division au sommet : Conflit au sein du CPT et du gouvernement haïtien
Les tensions politiques sont devenues palpables au sein du CPT, avec des rumeurs de révocation imminente du Premier ministre Garry Conille. Cette semaine, des réunions répétées ont eu lieu entre le Premier ministre et les conseillers du CPT, qui, de leur côté, exigent un contrôle total sur les ministères régaliens. Une source interne révèle que le CPT, majoritairement représenté par huit membres, a signé une résolution pour remplacer Garry Conille par Didier Fils-Aimé, laissant Edgard Leblanc Fils, seul membre en désaccord avec cette décision.
L’arrêté de cette révocation serait déjà en voie de publication officielle, ajoutant à l’incertitude. Ce bras de fer est exacerbé par le mécontentement des conseillers à l’égard du Premier ministre, en raison de sa correspondance du 5 novembre, perçue comme une tentative de saper l’autorité du CPT. Pourtant, le Premier ministre maintient sa position et refuse de céder aux pressions du CPT, ce qui laisse envisager une escalade de la crise politique.
Soutien salvadorien en préparation pour Haïti
Pendant que la crise politique bat son plein en Haïti, le Salvador se prépare à une éventuelle mission humanitaire et de sécurité dans le pays. Vendredi dernier, une unité de l’armée salvadorienne a participé à un exercice d’entraînement visant à préparer une mission de soutien médical pour Haïti. Cet exercice de simulation comprenait des opérations d’évacuation de blessés et la préparation de pilotes et de personnel médical, qui pourraient être déployés dans les prochains jours.
La mission salvadorienne a été approuvée le 31 octobre par l’Assemblée législative du Salvador, dans le cadre d’un accord avec Haïti, soutenu par l’Organisation des États Américains (OEA). Bien que la date exacte du déploiement et le nombre de soldats et de personnels médicaux ne soient pas encore confirmés, ce soutien se concentrera sur l’évacuation médicale des civils haïtiens touchés par la violence.
Le président salvadorien Nayib Bukele a déclaré en mars dernier que son pays était prêt à intervenir pour résoudre la crise de violence en Haïti, si les autorités haïtiennes et l’ONU donnaient leur consentement. En attendant, les Salvadoriens continuent de se préparer, rappelant que cette intervention serait conditionnée à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, au consentement d’Haïti et à une prise en charge des coûts de la mission par la communauté internationale.
La population haïtienne en attente d’une réponse durable
Alors que les chefs politiques haïtiens se concentrent sur leurs querelles internes, les citoyens continuent de subir les effets dévastateurs de l’insécurité croissante. Les gangs armés, profitant de l’instabilité au sein du gouvernement, renforcent leur emprise sur plusieurs régions du pays, compromettant la sécurité et le bien-être de la population. Avec la perspective d’une intervention salvadorienne, certains espèrent une amélioration de la situation humanitaire et sécuritaire. Toutefois, pour que cette aide ait un impact réel, il est crucial que les dirigeants haïtiens surmontent leurs différends et coopèrent avec les initiatives internationales visant à stabiliser le pays. L’urgence est désormais à une prise de décision rapide, car le peuple haïtien attend une réponse concrète à la crise actuelle, alors que les regards se tournent vers un éventuel soutien salvadorien pour alléger leur fardeau quotidien.
Face aux luttes de pouvoir au sein des élites haïtiennes, la perspective d’une mission de soutien international, telle que celle du Salvador, offre un espoir de répit pour les citoyens. Cependant, tant que la classe politique reste divisée, le véritable changement pourrait demeurer hors de portée pour une population désespérée d’une amélioration durable de la sécurité et des conditions de vie.