Distribution de repas chauds à plus de 23 000 déplacés sur une période de 14 jours: la Primature vient en aide aux déplacés

Face à une crise humanitaire sans précédent, la Primature haïtienne, avec l’appui de partenaires internationaux, a annoncé une initiative visant à distribuer des repas chauds à plus de 23 000 déplacés de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Une réponse temporaire à une situation alarmante, mais qui soulève des questions sur la dépendance chronique du gouvernement à l’aide extérieure et sur l’absence de solutions durables pour les victimes des violences des gangs armés.

Une opération d’urgence financée par des bailleurs internationaux

Lancée le 25 novembre, cette opération est soutenue par la Banque Interaméricaine de Développement (BID) et coordonnée par le Fonds d’Assistance Économique et Sociale (FAES). Avec le concours du Programme Alimentaire Mondial (PAM), l’objectif est de fournir des repas chauds pendant 14 jours dans quatre sites stratégiques identifiés comme prioritaires.

Selon un communiqué officiel, cette initiative reflète l’engagement du gouvernement à répondre aux besoins immédiats des déplacés internes. Toutefois, cet « engagement » est étroitement lié à l’intervention de partenaires internationaux, soulignant une nouvelle fois la dépendance du pays à l’aide extérieure pour répondre aux crises humanitaires.

Une aide dérisoire face à une tragédie de grande ampleur

Depuis le 11 novembre, Port-au-Prince connaît la plus importante vague de déplacements internes depuis janvier 2023, selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Plus de 41 000 personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers, certaines pour la deuxième ou troisième fois, en raison de l’escalade des violences des gangs armés.

La majorité des déplacés (90 %) se trouvent dans des sites d’accueil improvisés, tandis que 19 nouveaux sites ont été créés en quelques jours pour répondre à l’afflux. Malheureusement, 21 autres sites ont été abandonnés, aggravant les besoins humanitaires déjà urgents.

Grégoire Goodstein, chef de l’OIM en Haïti, qualifie la situation d’ »ampleur sans précédent ». Les femmes et les filles, particulièrement vulnérables, font face à des risques accrus de violences basées sur le genre (VBG), d’exploitation, et de mécanismes de survie désespérés comme le sexe transactionnel.

Une initiative qui frôle le cynisme

Malgré les efforts affichés, l’initiative de la Primature a été accueillie avec scepticisme. Distribuer des repas pendant 14 jours ne répond pas aux problèmes structurels auxquels fait face une population déplacée, privée d’accès à l’eau potable, à l’hygiène et aux soins de santé.

Un habitant, dans un cri de désespoir, a déclaré :

« Nou paka viv konsa. 14 jou manje pa ka rezoud pwoblèm nou. Nou bezwen sekirite ak yon solisyon ki dire. »

Cet appel reflète le sentiment général de frustration face à un gouvernement qui semble jouer avec la souffrance de ses citoyens, incapable de garantir des solutions durables et de restaurer la sécurité.

Une situation humanitaire hors de contrôle

Selon l’OCHA, les conditions de vie des déplacés sont désastreuses. La capitale haïtienne est devenue un terrain de désolation où l’accès à des besoins fondamentaux, tels que l’eau et la nourriture, reste limité ou inexistant. Cette dépendance à l’aide internationale souligne l’urgence de repenser la réponse à la crise et d’aborder ses causes profondes.

La violence des gangs, qui a déplacé des dizaines de milliers de personnes en quelques jours, est un symptôme de l’effondrement de l’État. L’annonce de la Primature, bien qu’importante pour un soulagement immédiat, ne fait que masquer temporairement une tragédie humanitaire que le gouvernement semble incapable de gérer seul.

Une population en attente de solutions

Les déplacés de Port-au-Prince attendent bien plus que des repas chauds. Ils réclament sécurité, dignité, et des réponses adaptées à leurs souffrances. Ce nouveau programme, bien qu’apprécié par certains, illustre une fois de plus la fragilité d’un système de gouvernance dépendant de l’international pour des actions aussi basiques que nourrir les plus vulnérables.

La communauté internationale peut continuer à soutenir Haïti, mais sans un leadership local engagé et des réformes structurelles, les crises se succéderont, laissant la population dans un cycle perpétuel de dépendance et de souffrance. Pour les déplacés, les 14 jours de repas annoncés par la Primature sont une goutte d’eau dans un océan de besoins insatisfaits.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *