La fin d’une coopération dépassée
Jeudi, le Tchad a officialisé une décision historique : mettre un terme à ses accords de coopération en matière de défense avec la France. Cette annonce, transmise par le ministre des affaires étrangères tchadien Abderaman Koulamallah, a pris de court l’opinion internationale, notamment après la visite de jean-noël barrot, ministre délégué français. Bien que présentée comme une révision de partenariat plutôt qu’une rupture brutale, cette décision traduit une volonté ferme de redéfinir les relations Franco-Tchadiennes.
Pour koulamallah, il ne s’agit pas d’un divorce dans la lignée des tensions récentes avec le Niger ou le mali. il insiste sur le fait que cette décision découle d’une analyse stratégique : « après 66 ans, le Tchad entend affirmer sa pleine souveraineté et réévaluer ses alliances selon ses priorités nationales. » une déclaration qui résonne comme une affirmation de maturité politique face à une relation souvent perçue comme asymétrique.
Les accords militaires, instruments de dépendance ?
l’accord de défense entre le Tchad et la France, autrefois salué comme une garantie de sécurité régionale, est désormais perçu comme une relique du passé. Dans un contexte où de nombreuses nations africaines rejettent l’héritage pesant de la colonisation, maintenir de tels accords apparaît pour certains comme un frein à l’émancipation. Cette fin marque un tournant : les autorités tchadiennes semblent vouloir prendre leurs distances avec un modèle de partenariat hérité du colonialisme, jugé inadapté aux défis actuels.
Un symbole de rupture avec l’ordre ancien
Lors d’une déclaration publique, Koulamallah a appelé la France à reconnaître que « le Tchad a grandi, mûri, et est aujourd’hui jaloux de sa souveraineté. » ces mots, empreints d’une fierté affirmée, reflètent un désir de redéfinir la place du Tchad sur la scène internationale. Au-delà de la rhétorique, ce geste témoigne d’un mouvement plus large en Afrique : une quête d’autonomie vis-à-vis d’anciens partenariats jugés paternalistes.
Des intérêts divergents, des priorités nationales
La France a souvent présenté sa coopération militaire en Afrique comme un outil de stabilisation. Cependant, pour de nombreux observateurs tchadiens, ces accords servaient avant tout les intérêts stratégiques français dans la région. l’aide militaire, bien que précieuse dans le passé, est désormais perçue comme un levier d’influence. en mettant fin à cet accord, le Tchad envoie un message clair : les priorités nationales priment sur les agendas étrangers.
Vers de nouvelles alliances ?
Ce choix audacieux soulève néanmoins des questions. comment le Tchad entend-il combler le vide laissé par la France ? des puissances comme la Russie, la chine ou encore la Turquie semblent prêtes à répondre à l’appel. Mais ces nouvelles alliances pourraient aussi engendrer des défis similaires, en créant d’autres formes de dépendance. Le défi pour le Tchad sera de naviguer avec prudence dans cette réorganisation des relations internationales.
Une dynamique continentale de désengagement
Le Tchad rejoint ainsi un mouvement plus large en Afrique, où des pays comme le Niger, le mali ou encore le Burkina Faso ont récemment choisi de réévaluer leurs partenariats militaires avec la France. Ces décisions, souvent critiquées par les chancelleries occidentales, reflètent une volonté commune de rompre avec un passé colonial lourd. Il ne s’agit pas simplement de rejeter l’ancien colonisateur, mais de bâtir des relations internationales fondées sur le respect mutuel et la réciprocité.
Un avenir à construire
Si cette rupture avec la France marque une étape importante, elle ne garantit pas pour autant une transformation immédiate des dynamiques de pouvoir. Le Tchad devra démontrer sa capacité à gérer les enjeux sécuritaires de manière indépendante, tout en évitant de tomber dans de nouvelles formes de dépendance.
Ce moment charnière est une occasion unique pour le Tchad de prouver qu’il est possible de conjuguer souveraineté et stabilité. la France, quant à elle, devra revoir sa manière d’interagir avec ses anciennes colonies, sous peine de voir son influence s’effriter davantage.