Absence stratégique ou fuite organisée ?
Le scandale de corruption impliquant la Banque Nationale de Crédit (BNC) connaît un nouvelle étape. Lonick Léandre, l’un des principaux accusés, ne s’est pas présenté devant le juge d’instruction Benjamin Félismé ce jeudi 5 décembre. Selon son avocat, Me David Lafortune, Léandre serait actuellement à l’étranger, ce qui a conduit à une demande de report de l’audience.
L’ancien président du Conseil d’administration de la BNC, Raoul Pierre-Louis, également convoqué, ne sera pas présent demain non plus. Son avocat exige des garanties de sécurité pour son retour au pays ou propose une audition par visioconférence. Quant aux trois conseillers présidentiels incriminés, Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin, leurs convocations sont prévues les 9, 10 et 11 décembre.
Ces absences risquent de ralentir une affaire considérée comme un test majeur pour la lutte contre la corruption en Haïti. Les accusations portées contre les suspects sont graves : abus de fonction, pot-de-vin et corruption passive, avec en toile de fond des demandes d’extorsion de 100 millions de gourdes, selon les déclarations de Pierre-Louis.
Pourtant, malgré les pressions internationales et nationales, les inculpés maintiennent leurs postes au sein du Conseil présidentiel de transition (CPT), dirigé par Leslie Voltaire. Cette situation a conduit à un blocage institutionnel, freinant des décisions cruciales telles que des nominations ministérielles.
Une impasse qui érode la confiance
Face à l’impasse, le CPT est critiqué pour son inaction et son incapacité à écarter les membres impliqués dans ce scandale. Tandis que le juge Félismé affiche une volonté de faire avancer ce dossier, les reports et les refus de comparaître compliquent le processus judiciaire. La persistance des inculpés à invoquer la présomption d’innocence met en lumière les défis d’une gouvernance transparente et crédible en Haïti.
Les prochaines semaines seront décisives : les accusés accepteront-ils de coopérer avec la justice ou faudra-t-il des mesures coercitives ? L’affaire BNC pourrait bien redéfinir les relations entre justice et pouvoir en Haïti, marquant un tournant dans la quête de transparence et de responsabilité.