Port-au-Prince, 14 janvier 2025 – La crise humanitaire en Haïti atteint des proportions sans précédent, avec plus d’un million de personnes déplacées à l’intérieur du pays. Selon les derniers chiffres publiés par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), ce chiffre, qui était de 315 000 en décembre 2023, a triplé en un an. Les causes de cette situation sont multiples : la violence généralisée des gangs, l’effondrement des services essentiels, et l’aggravation de l’insécurité alimentaire.
La capitale, Port-au-Prince, est particulièrement touchée, avec un quasi-doublement des déplacements internes. Les affrontements entre gangs continuent de semer la terreur, forçant les habitants à fuir leurs foyers. Les sites de déplacement dans cette région sont passés de 73 à 108 en un an, exacerbant la surpopulation et la pénurie de services de base tels que l’eau potable, les soins médicaux et l’éducation.
La crise s’étend bien au-delà de Port-au-Prince. Dans le département de l’Artibonite, les déplacements ont triplé en 2024 pour atteindre 84 000 personnes. La majorité des déplacés cherchent refuge dans les provinces, mais les communautés d’accueil, aux ressources limitées, peinent à absorber cette pression. Plus de 80 % des déplacés s’abritent auprès de proches ou d’amis, tandis que d’autres s’installent dans des sites spontanés, où les conditions de vie sont précaires.
Les enfants représentent plus de la moitié des personnes déplacées, faisant d’eux les premières victimes de cette crise. Ils sont confrontés à des risques accrus de malnutrition, de maladies et d’abus dans des abris de fortune surpeuplés et mal équipés.
200 000 retours forcés exacerbent la situation
En 2024, environ 200 000 Haïtiens ont été expulsés vers leur pays, principalement depuis la République dominicaine, aggravant la pression sur les services sociaux déjà saturés. Ce retour forcé, combiné à l’instabilité interne, aggrave la crise humanitaire.
« Haïti a besoin d’une aide humanitaire immédiate et soutenue », a déclaré Amy Pope, Directrice générale de l’OIM. L’organisation appelle à des efforts conjoints pour résoudre les causes profondes de cette crise, notamment la violence et l’instabilité chronique.
En 2024, l’OIM a fourni 18 millions de litres d’eau potable, réhabilité des pompes à eau et distribué des kits d’hygiène, des lampes solaires et des couvertures aux déplacés. Toutefois, l’ampleur des besoins dépasse largement les capacités actuelles.
« Les Haïtiens méritent un avenir », a souligné Amy Pope, appelant le monde à choisir la solidarité plutôt que l’indifférence. Selon les rapports de l’ONU, plus de 5 600 personnes ont été tuées en Haïti en 2024, avec 2 200 blessés et 1 500 enlèvements, illustrant l’urgence d’une réponse internationale.