Le gouvernement de la Barbade a annoncé, ce vendredi, la suspension de ses plans d’envoi de troupes en Haïti. Cette décision intervient dans un contexte d’insécurité accrue et de manque de planification stratégique au sein de la mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti.
La Barbade s’était initialement engagée avec l’ONU à déployer un contingent de sa Force de Défense pour soutenir la Police nationale haïtienne. Cependant, face à l’aggravation de la situation sécuritaire en Haïti, le pays a décidé de revoir sa position.
Kerrie Symmonds, ministre barbadienne des Affaires étrangères, a expliqué que cette décision était motivée par la volatilité de la situation en Haïti, qui, tout comme la Barbade, est membre de la Communauté caribéenne (Caricom).
« Nous ne voulons pas exposer nos soldats à des situations dangereuses sans une planification adéquate. Malheureusement, il n’y a pas eu le niveau de planification stratégique globale que nous espérions », a souligné Symmonds.
La ministre a également précisé que la Barbade limiterait désormais son soutien à des contributions techniques tout en surveillant l’évolution de la crise, notamment après l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis.
Selon Symmonds, la défaite des démocrates lors des élections américaines de novembre 2024 a conduit à un ralentissement des engagements internationaux envers Haïti.
« Avec l’arrivée de la nouvelle administration Trump, nous devons évaluer leur position. Nous les exhortons à comprendre que la situation en Haïti ne peut continuer ainsi, et que les engagements précédemment pris doivent être respectés », a-t-elle déclaré.
Haïti est plongé dans une crise profonde, marquée par une violence extrême exercée par des bandes armées qui contrôlent environ 80 % de Port-au-Prince et d’autres régions du pays.
En 2024, au moins 5 601 personnes ont perdu la vie en raison des affrontements liés à ces groupes criminels, selon des données vérifiées par l’Office des Nations Unies pour les droits de l’Homme. Ce chiffre représente une augmentation de 1 000 morts par rapport à l’année précédente, illustrant une détérioration rapide de la situation.
Jusqu’à présent, seuls deux pays membres de la Caricom, la Jamaïque et les Bahamas, ont envoyé des troupes pour soutenir les efforts de paix en Haïti.
De plus, récemment, un contingent de 75 soldats guatémaltèques et de 8 Salvadoriens a rejoint la mission multinationale dirigée par le Kenya, qui a déployé environ 400 policiers.
La décision de la Barbade reflète un mélange de préoccupations sécuritaires et de désaccords sur la stratégie internationale. Les autorités insistent sur le fait que toute intervention doit être bien préparée pour éviter d’exposer inutilement les forces déployées.
Symmonds a également appelé à une plus grande coordination internationale, notamment de la part des États-Unis, pour garantir un appui efficace à Haïti.
La suspension de la participation de la Barbade à la mission multinationale en Haïti illustre les difficultés d’organiser une réponse globale face à une crise sécuritaire sans précédent.