Hausse des prix du gaz en Europe : l’arrêt des livraisons via l’Ukraine crée des tensions sur le marché
L’Europe est confrontée à une montée en flèche des prix du gaz naturel après l’arrêt des exportations russes transitant par l’Ukraine. Cette interruption, due à l’expiration d’un accord bilatéral que Kyiv a refusé de renouveler pour des raisons de « sécurité nationale », vient exacerber une situation déjà tendue par des températures glaciales et des stocks en baisse.
Ce mercredi matin, Gazprom a officiellement annoncé la fin des livraisons de gaz russe via l’Ukraine, tournant ainsi une page historique. Le contrat de transit, en place depuis des décennies, n’a pas été reconduit par l’Ukraine, marquant une nouvelle étape dans le conflit énergétique et géopolitique entre Moscou et l’Europe.
Le prix du TTF néerlandais, référence pour le gaz en Europe, a bondi de plus de 4 %, atteignant 51 euros par mégawattheure, un sommet depuis octobre 2023. Les marchés anticipent des pressions accrues sur les approvisionnements en raison de la perte de 5 % des importations de gaz naturel de l’UE.
Les stocks de gaz en Europe, bien qu’à des niveaux confortables en début de saison, se vident rapidement sous l’effet d’un froid inhabituel. Selon Gas Infrastructure Europe, les réserves ont chuté de 19 % entre la fin septembre et la mi-décembre, atteignant environ 75 %. Cette situation pourrait rendre le réapprovisionnement plus coûteux, surtout que les prix du gaz ont augmenté de 50 % sur un an.
Malgré cette tension, l’Union européenne ne prévoit pas de crise énergétique immédiate. Cependant, la recherche de solutions alternatives, comme l’augmentation des importations de gaz naturel liquéfié (GNL), pourrait accentuer la volatilité des marchés et nuire à la compétitivité des entreprises européennes.
L’arrêt du transit via l’Ukraine impacte particulièrement la Hongrie et la Slovaquie, où ce corridor répondait à 65 % des besoins en gaz en 2023. Le Premier ministre slovaque Robert Fico, fervent défenseur de relations avec Moscou, a tiré la sonnette d’alarme, évoquant un « impact drastique » pour son pays et l’UE. Il s’est rendu à Moscou fin décembre pour chercher une solution, suscitant les critiques de Volodymyr Zelensky, qui l’accuse d’aider Vladimir Poutine.
La Commission européenne a proposé des alternatives, notamment des approvisionnements via la route transbalkanique, impliquant des partenaires comme la Grèce, la Turquie et la Roumanie.
Volodymyr Zelensky a qualifié l’arrêt du transit de « l’une des plus grandes défaites de Moscou ». « Lorsque Poutine est arrivé au pouvoir, plus de 130 milliards de m³ de gaz transitaient chaque année via l’Ukraine. Aujourd’hui, ce volume est à zéro », a-t-il souligné sur les réseaux sociaux.
Malgré l’absence de pénurie immédiate, l’Europe devra composer avec des prix élevés et des stocks potentiellement bas à la fin de l’hiver. Les prévisions pour l’été prochain indiquent déjà des prix supérieurs à ceux attendus pour l’hiver 2025-2026, rendant le réapprovisionnement encore plus coûteux.
Si l’Europe dispose encore de marges de manœuvre pour faire face à cet hiver, la situation révèle une dépendance énergétique toujours fragile et des défis importants pour diversifier ses sources d’approvisionnement.