Une coalition criminelle à l’origine d’une crise humanitaire sans précédent
Le 29 février 2024, une coalition de gangs, connue sous le nom de Viv Ansanm (Vivre ensemble, en créole haïtien), a vu le jour de la fusion de deux anciennes alliances rivales : G9 et alliés et G-Pèp. Cette coalition, dirigée par Jimmy « Barbecue » Chérizier, exerce désormais un contrôle ou une influence substantielle sur environ 80% (voire plus) de la zone métropolitaine de Port-au-Prince et ses environs immédiats. Les actions de Viv Ansanm ont plongé la capitale haïtienne dans une grave crise humanitaire, marquant le trimestre 2024 comme le plus meurtrier depuis le début de la documentation des violences liées aux gangs par les Nations unies.
Les principaux suspects recherchés
Les autorités haïtiennes ont intensifié leurs efforts pour démanteler un réseau criminel accusé d’association de malfaiteurs et d’incitation à la violence, lié au gang Viv Ansanm. Parmi les individus recherchés figurent :
- Jean Max Louissaint, alias Ralph Laurent
- Kervens Louissaint
- Béatha Prospère
Ces suspects sont soupçonnés d’être impliqués dans des activités criminelles, tant au sein de la diaspora haïtienne qu’à l’étranger. Ils sont accusés de collaborer avec des gangs organisés en Haïti, alimentant ainsi l’insécurité nationale et contribuant à l’affaiblissement des institutions publiques.
Selon les rapports, ces individus utilisent des réseaux internationaux pour financer leurs activités, notamment par le biais de trafics et d’extorsions. Des groupes comme Viv Ansanm sont connus pour contrôler de vastes zones en Haïti et pour jouer un rôle clé dans l’instabilité du pays. Haïti traverse une crise sans précédent, marquée par une recrudescence des violences orchestrées par des gangs armés. Ces groupes dominent désormais plus de 80% de la capitale, Port-au-Prince, et sont impliqués dans des activités telles que le trafic de drogue, le racket et les enlèvements.
La situation humanitaire critique
La violence des gangs a fortement affecté la vie quotidienne des habitants de Port-au-Prince. Au plus fort de la crise, entre mars et mai, les hôpitaux, les magasins et les écoles ont fermé ou sont devenus largement inaccessibles. La plupart des personnes habitant dans des zones considérées plus sûres évitaient de s’aventurer hors de chez elles. Se déplacer dans la capitale est devenu quasiment impossible, une situation poussant un de nos interlocuteurs à comparer la ville à une « prison à ciel ouvert, contrôlée par les gangs ».
Les gangs ont contraint à la fermeture de l’aéroport international entre le 3 mars et le 20 mai, soumettant le pays à un blocage presque total. De plus, les principaux ports de la capitale ayant été bloqués par Viv Ansanm, les prix du carburant, de la nourriture et des biens de première nécessité se sont envolés ces derniers mois. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué que le prix du panier alimentaire des ménages avait augmenté de 27% depuis janvier 2024, rendant la nourriture inaccessible pour des millions d’Haïtiens. En même temps, la violence et la fermeture d’infrastructures essentielles poussent de plus en plus de personnes vers les marchés noirs, sur lesquels les prix du carburant peuvent être « 40% à 50% plus élevés que le prix officiel ».