Guerre entre Israël et le Hamas : une étude inédite révèle une sous-estimation massive des morts à Gaza

Une étude récente publiée dans la prestigieuse revue médicale britannique The Lancet remet en question les chiffres officiels concernant le nombre de victimes dans la bande de Gaza depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas en octobre 2023. Selon cette étude, le nombre de décès liés aux hostilités serait largement sous-estimé, avec des conséquences humaines plus graves que prévu.

Une mortalité à Gaza bien plus élevée que les estimations officielles

Depuis le début de la guerre en octobre 2023 jusqu’à la fin juin 2024, le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, a recensé 37 877 décès selon AP. Cependant, l’étude du Lancet estime que ce chiffre pourrait être jusqu’à 41 % plus élevé, avec un nombre probable de victimes s’élevant à 64 260 morts. Ces décès représenteraient environ 2,9 % de la population pré-guerre de Gaza, soit « environ un habitant sur 35 ».

Cette estimation inclut uniquement les morts causées par des lésions traumatiques directes, excluant ainsi les décès indirects dus à des facteurs tels que la faim, le manque de soins médicaux ou les maladies non traitées. En outre, elle ne prend pas en compte les milliers de personnes portées disparues que l’on suppose enterrées sous les décombres.

Les chercheurs ont utilisé une méthode statistique appelée « capture-recapture », couramment employée pour évaluer le nombre de morts dans des contextes de conflit. Cette méthode repose sur l’analyse et la comparaison de trois sources distinctes de données :

  1. Les rapports hospitaliers : une liste établie par le ministère de la Santé comprenant les corps identifiés dans les hôpitaux ou les morgues.
  2. Une enquête en ligne : lancée par le ministère de la Santé de Gaza, cette enquête permettait aux habitants de signaler les décès de leurs proches.
  3. Les réseaux sociaux : une analyse des notices nécrologiques publiées sur des plateformes comme Facebook, X (anciennement Twitter), Instagram et WhatsApp.

Les chercheurs ont ensuite éliminé les doublons en identifiant les chevauchements entre ces trois listes afin de fournir une estimation globale des pertes humaines.

Malgré son caractère innovant, l’étude comporte des limitations. Les auteurs reconnaissent que certains cas de décès non liés directement au conflit, comme des crises cardiaques, pourraient avoir été inclus par erreur. Par ailleurs, les listes ne prennent pas systématiquement en compte la cause exacte du décès.

En revanche, l’étude sous-estime probablement le bilan humain total. L’agence humanitaire des Nations unies (OCHA) estime que près de 10 000 habitants de Gaza portés disparus pourraient être encore ensevelis sous les décombres. Ces chiffres, combinés à l’impact indirect de la guerre, comme la destruction des infrastructures médicales et le blocus de l’accès humanitaire, pourraient conduire à un bilan encore plus lourd.

Israël a toujours mis en doute la fiabilité des statistiques publiées par le ministère de la Santé de Gaza, affirmant que celles-ci étaient manipulées à des fins de propagande. Toutefois, ces chiffres ont été jugés crédibles par plusieurs organismes internationaux, notamment les Nations unies.

Zeina Jamaluddine, principale autrice de l’étude et épidémiologiste à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, anticipe des critiques, mais souligne que l’importance de l’étude ne réside pas uniquement dans les chiffres. « Il y a une obsession malsaine autour des statistiques, mais ce que nous savons avec certitude, c’est que le nombre de morts est extrêmement élevé et qu’il reflète une tragédie humaine sans précédent », déclare-t-elle.

Depuis le 7 octobre 2023, le conflit a causé des pertes humaines massives des deux côtés. En Israël, les attaques du Hamas ont tué 1 208 personnes, principalement des civils. Dans la bande de Gaza, les frappes israéliennes intensives ont non seulement provoqué des milliers de morts, mais aussi une crise humanitaire sans précédent.

La destruction des infrastructures vitales, y compris des hôpitaux, et les restrictions sur l’accès aux ressources de base aggravent la situation pour les survivants. Les conséquences à long terme, tant pour la santé physique que mentale des habitants de Gaza, sont incalculables.

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