Le président colombien, Gustavo Petro, a révélé dimanche que 15 660 citoyens américains vivent en Colombie de manière irrégulière. Il les a invités à se rapprocher des services migratoires du pays pour régulariser leur statut. « Les citoyens américains qui souhaitent rester en Colombie sont les bienvenus, car je crois en la liberté humaine. Toutefois, ceux qui se trouvent en situation irrégulière doivent se conformer aux lois colombiennes et régulariser leur séjour », a déclaré le président via le réseau social X.
Cette déclaration intervient dans un contexte tendu entre la Colombie et les États-Unis, après que Gustavo Petro a refusé l’atterrissage d’avions militaires américains transportant des migrants colombiens expulsés. Le président a justifié sa décision en affirmant que ces personnes n’avaient pas été traitées avec dignité. « Un migrant n’est pas un criminel. Il doit être traité comme un être humain avec des droits », a-t-il ajouté.
Le refus de Petro a entraîné une réaction rapide des États-Unis, qui ont annoncé la suspension temporaire de l’émission de visas à leur ambassade à Bogota. Cette mesure, qui prend effet dès lundi, illustre la montée des tensions diplomatiques entre les deux nations.
Le président colombien a également critiqué la politique migratoire stricte de l’administration Trump, y compris ses décisions récentes d’expulser massivement des migrants. « Les États-Unis ne peuvent pas traiter les migrants colombiens comme des criminels. Ils doivent établir un protocole respectant la dignité des personnes avant que nous acceptions leur retour », a déclaré Petro.
Cette position reflète les tensions croissantes en Amérique latine face aux mesures migratoires américaines. Le Brésil, par exemple, a protesté contre l’usage de menottes lors des vols de déportation de ses citoyens. Le ministre brésilien de la Justice, Ricardo Lewandowski, a ordonné à la police fédérale de demander le retrait immédiat des menottes sur ces vols.
Petro a insisté sur l’importance de régulariser les citoyens américains en Colombie pour éviter une augmentation des pratiques illégales. « Si les processus de régularisation ne sont pas mis en place, les activités illégales se multiplieront, comme nous l’avons déjà observé à d’autres occasions », a-t-il averti.
Malgré les tensions, le président colombien a exprimé son espoir que le dialogue avec les États-Unis ne serait pas interrompu, notamment concernant la région du Darien, une zone critique pour le passage des migrants.
Petro a souligné qu’il ne recourrait jamais à des mesures drastiques contre les citoyens américains vivant en Colombie. « Vous ne me verrez jamais brûler un drapeau américain ou organiser des rafles pour renvoyer des citoyens américains menottés aux États-Unis. Les vrais libertaires ne s’attaqueront jamais à la liberté humaine. Nous sommes l’opposé des nazis », a-t-il affirmé.
Cette polémique s’inscrit dans un contexte plus large de tensions entre les États-Unis et plusieurs pays d’Amérique latine. La posture de Petro, bien que controversée, reflète une volonté croissante de la région de s’émanciper de l’influence américaine. Des experts prévoient que cette dynamique pourrait favoriser un rapprochement avec d’autres puissances, comme la Chine.
Gustavo Petro adopte une approche qui prône la dignité humaine et la liberté, tout en maintenant une fermeté vis-à-vis des pratiques migratoires américaines. Cette stratégie, bien que risquée, pourrait redéfinir les relations entre la Colombie, les États-Unis et l’ensemble de l’Amérique latine dans les années à venir.