Le conseil de transition d’Haïti a décidé de limoger Garry Conille, Premier ministre depuis juin 2024. Sa nomination avait pour objectif de stabiliser un pays plongé dans la violence des gangs et une crise institutionnelle profonde. Conille sera remplacé par Alix Didier Fils-Aimé, un entrepreneur influent et ancien candidat politique, déjà soutenu par des forces de sécurité de la PNH et des FAD’H.
Ce changement de direction survient après plusieurs semaines de désaccords entre Conille et le conseil de transition, particulièrement autour de nominations ministérielles clés dans les secteurs de la justice, des finances, de la défense et de la santé. Malgré les objections de Conille, qui qualifie cette décision d’« illégale », le processus de passation est déjà en cours sous la supervision de Réginald Calixte, désigné par Fils-Aimé.
Alix Didier Fils-Aimé : une figure du secteur privé pour un contexte de crise
Diplômé de l’Université de Boston, Fils-Aimé est bien connu dans le monde des affaires en Haïti, ayant présidé la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti. En 2015, il s’était présenté au Sénat, se positionnant comme un candidat de la société civile et du secteur privé. Son profil offre un contraste marqué avec Conille, médecin et ex-Premier ministre, qui avait tenté de mener un gouvernement de transition mais fut rapidement confronté à la violence croissante des gangs et à des conflits internes avec le conseil de transition.
La situation sécuritaire en Haïti : un défi permanent
Les gangs contrôlent désormais 80 % de Port-au-Prince, un chiffre alarmant illustrant l’ampleur de la crise. La mission de soutien menée par le Kenya, sous l’égide des Nations Unies, déploie progressivement des troupes pour tenter d’aider la police haïtienne à reprendre le contrôle de la capitale. Cependant, malgré ces efforts internationaux, l’insécurité a poussé 700 000 Haïtiens à fuir leur domicile, aggravant une situation humanitaire déjà catastrophique.
Le départ de Garry Conille : une lutte de pouvoir ?
Cette révocation du Premier ministre est également un symbole de la lutte de pouvoir en Haïti, où les gouvernements se succèdent souvent sans parvenir à établir la stabilité. Conille, qui avait été évacué de Port-au-Prince en juillet suite à des attaques de gangs, n’a pas réussi à imposer son autorité sur un pays en crise. Son successeur, Fils-Aimé, héritera donc d’une situation extrêmement tendue, avec la pression de conduire rapidement le pays vers des élections tout en rétablissant un minimum de sécurité et d’ordre public.