Haïti face à la soumission : quand les nouvelles autorités Haïtiennes sacrifient la souveraineté au profit de la République Dominicaine

Un nouveau gouvernement Haïtien aligné sur les désirs Dominicains

Les récents bouleversements politiques en Haïti semblent marquer un tournant significatif dans les relations avec la République Dominicaine. La nomination du nouveau ministre des Affaires étrangères, Jean Harvel Jean-Baptiste, et l’éviction de sa prédécesseure Dominique Dupuy illustrent ce que beaucoup perçoivent comme une soumission aux exigences dominicaines, au détriment des intérêts et de la dignité du peuple haïtien.

La première initiative du nouveau ministre a été d’organiser une rencontre officielle avec l’ambassadeur de la République Dominicaine en Haïti, Faruk Miguel Castillo. Cette réunion, qui a eu lieu à la résidence de l’ambassade dominicaine à Pétion-Ville, est qualifiée de « constructive » par Jean Harvel Jean-Baptiste, laissant entendre une volonté de dialogue ouvert entre les deux pays.

L’éviction de Dominique Dupuy : une victoire pour la République Dominicaine ?

La non-reconduction de Dominique Dupuy, connue pour sa fermeté envers la République Dominicaine, a été saluée par les dirigeants dominicains et critiquée en Haïti. Mme Dupuy avait acquis une certaine popularité pour ses prises de position contre les déportations massives d’Haïtiens, qu’elle qualifiait de discriminatoires et racistes. Cette fermeté lui a valu de nombreuses critiques de la part des membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), qui, sous la pression de la République Dominicaine, auraient œuvré en coulisse pour obtenir son renvoi.

Un dialogue sous le signe de l’ambiguïté

Alors que le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé appelle à un « dialogue fraternel » avec la République Dominicaine pour protéger les droits des milliers d’Haïtiens vivant de l’autre côté de la frontière, la réalité sur le terrain demeure critique. La République Dominicaine continue ses expulsions massives et souvent brutales des Haïtiens, sans que la nouvelle équipe haïtienne n’émette la moindre critique publique. Le silence de la chancellerie haïtienne face à ces actions soulève des questions sur la véritable indépendance et la capacité de ce gouvernement à défendre les intérêts de ses citoyens.

Tensions et expulsions : une crise humanitaire ignorée

Depuis août 2023, avec la construction d’un canal d’irrigation du côté haïtien de la rivière Massacre, les tensions entre les deux pays se sont intensifiées. La décision unilatérale du président dominicain, Luis Abinader, de fermer la frontière avec Haïti, y compris l’espace aérien, a été un signal clair de la volonté de la République Dominicaine de maintenir une pression constante sur son voisin. Plus récemment, le plan d’expulsion massive des Haïtiens a aggravé une situation déjà tendue. En octobre 2024, les autorités dominicaines ont lancé des opérations visant à expulser 10 000 Haïtiens par semaine, en dépit des protestations de la communauté internationale.

Ces mesures, perçues comme discriminatoires et violentes, continuent d’alimenter la colère de la population haïtienne. Pourtant, le gouvernement haïtien reste muet, et les appels au dialogue semblent creux face à l’absence de réaction concrète aux violences subies par les citoyens haïtiens en terre étrangère.

La dépendance d’Haïti : un choix stratégique ?

L’attitude conciliante des nouvelles autorités haïtiennes a suscité des interrogations sur une possible perte de souveraineté au profit d’une coopération dictée par les besoins dominicains. Les voix qui s’élèvent en Haïti pour dénoncer cette situation, à l’image de Dominique Dupuy, sont étouffées ou marginalisées, laissant place à un gouvernement qui semble prôner la soumission au nom de la « diplomatie ».

Pour de nombreux observateurs, le limogeage de Dominique Dupuy est une victoire pour la République Dominicaine, et une défaite pour ceux qui espéraient une diplomatie haïtienne forte et indépendante. Mme Dupuy, descendante de figures historiques de l’indépendance haïtienne, incarnait pour beaucoup un espoir de résistance face aux pratiques dominicaines jugées inhumaines et racistes. Son départ marque la fin d’une ère de contestation pour une diplomatie plus docile, dans l’espoir de préserver des relations « apaisées » avec le voisin dominicain.

Un avenir incertain pour les Haïtiens

Avec un gouvernement haïtien qui semble prêt à céder aux exigences de la République Dominicaine, les perspectives d’une amélioration des conditions de vie des Haïtiens en terre voisine paraissent sombres. Les autorités dominicaines, désormais confortées par l’absence de critique ferme de la part d’Haïti, continuent de déployer des mesures d’expulsions et de restrictions à l’encontre des ressortissants haïtiens. Pendant ce temps, la chancellerie haïtienne préfère jouer la carte de la coopération silencieuse.

Il reste à voir si la nouvelle équipe au pouvoir saura, à terme, défendre les droits des Haïtiens à l’étranger ou si elle continuera sur la voie d’une diplomatie soumise, laissant les citoyens haïtiens vulnérables et sans voix face aux décisions de leur puissant voisin.

Haïti doit-elle abandonner sa souveraineté ?

Les récentes évolutions politiques en Haïti posent une question cruciale : à quel prix une nation doit-elle maintenir des relations diplomatiques ? La destitution de Dominique Dupuy et l’alignement du gouvernement actuel sur les désirs dominicains suggèrent une réorientation stratégique, mais au détriment des droits fondamentaux des Haïtiens.

L’avenir des relations entre Haïti et la République Dominicaine dépendra de la capacité des autorités haïtiennes à trouver un équilibre entre diplomatie et défense de leur population. Toutefois, les signaux actuels montrent un pays qui semble prêt à faire de lourds compromis, mettant en jeu sa dignité et son indépendance.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *