Rencontre sa famille « fanmi Lavalas » et promesse d’ouverture du port : Lesly Voltaire en spectacle à Fort-Liberté

Dans une mise en scène soigneusement orchestrée, Fort-Liberté a été le théâtre, ce 29 novembre 2024, d’une grande fête autour du 221ᵉ anniversaire de la rédaction de l’acte préliminaire de l’indépendance. Leslie Voltaire, président du Conseil présidentiel de transition (CPT), s’est présenté comme un chef d’orchestre de la mémoire nationale, multipliant annonces et déclarations au goût bien rôdé de propagande.

Arrivé après le début des festivités – peut-être pour s’assurer une entrée remarquée –, le président du CPT, accompagné de quelques ministres et dignitaires, a tenu un discours où l’Histoire et les promesses se sont entremêlées avec une aisance remarquable. Il a évoqué la publication imminente d’un arrêté dans Le Moniteur, censé inscrire la commémoration de ce 29 novembre dans le calendrier national comme une journée de réflexion. Une belle idée en apparence, mais qui, comme tant d’autres initiatives, risque de se noyer dans l’océan des bonnes intentions non concrétisées.

Au-delà des paroles, Leslie Voltaire a promis la réouverture prochaine du port de Fort-Liberté, fermée depuis des lustres, ainsi que la restauration du Fort Saint-Joseph, symbole décrépit d’une époque glorieuse. Selon ses dires, l’Institut de Sauvegarde du Patrimoine National (ISPAN) aurait déjà commencé les travaux. Mais pour ceux qui connaissent bien les arcanes de l’administration haïtienne, ces déclarations relèvent davantage de l’effet d’annonce que d’un véritable engagement.

Sur la place Saint-Joseph, entouré de figures politiques et d’une foule curieuse, Voltaire a aussi promis de s’attaquer à l’insécurité, ce fléau qui gangrène le pays. Une promesse entendue maintes fois, répétée avec des mots différents, mais dont les résultats se font toujours attendre. Pendant que les discours se succédaient, les habitants des quartiers périphériques de Fort-Liberté continuaient de vivre sous la menace des gangs armés, preuve éclatante du fossé entre le rêve vendu et la réalité vécue.

Entre visites de monuments historiques délabrés et appels à l’unité nationale, cette journée a surtout servi à renforcer l’image d’un président en quête de légitimité. Accompagné d’une délégation triée sur le volet, Voltaire a pris le temps de rencontrer d’anciens et nouveaux membres du parti Lavalas, comme pour rappeler discrètement ses alliances politiques, tout en maintenant l’ambiguïté sur la durée de son mandat à la tête du CPT.

Mais là où le bât blesse, c’est dans cette habitude des dirigeants haïtiens à ressusciter les fantômes du passé pour mieux masquer leur incapacité à gérer le présent. Oui, l’Histoire est importante, mais elle ne peut devenir un écran de fumée pour dissimuler les échecs flagrants en matière de sécurité, d’emploi et de gouvernance.

Les festivités culturelles, défilés et expositions qui ont animé les rues de Fort-Liberté ce jour-là étaient sans doute agréables, mais elles n’effacent en rien les préoccupations des citoyens. Les jeunes en quête d’avenir, les familles déplacées par la violence et les habitants de quartiers marginalisés n’ont que faire des belles paroles et des cérémonies pompeuses. Ce qu’ils veulent, ce sont des actions concrètes et tangibles.

En conclusion, la commémoration du 29 novembre à Fort-Liberté illustre une fois de plus cette triste vérité : en Haïti, l’Histoire est souvent convoquée comme une diversion, une manière de détourner l’attention des véritables priorités. Et pendant que le président du CPT évoque un avenir radieux, la population, elle, attend encore des preuves de cette promesse trop souvent bafouée : celle d’un changement réel.

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