Des forces de l’ordre en civil procèdent à l’arrestation d’un manifestant lors d’un rassemblement à Nairobi, le 10 décembre 2024.
Le président kenyan William Ruto s’est engagé vendredi à « mettre fin aux enlèvements » ciblant manifestants et critiques du gouvernement, suite à de nouvelles accusations émanant d’ONG, d’avocats et de figures politiques.
Depuis les manifestations massives contre les mesures d’austérité l’été dernier, les forces de sécurité de ce pays d’Afrique de l’Est sont accusées d’arrestations arbitraires et de détentions illégales. Les derniers cas, qui défrayent actuellement la chronique, impliquent de jeunes hommes actifs sur internet et critiques envers M. Ruto. Ces disparitions ont été vigoureusement condamnées par les défenseurs des droits humains, tandis que la police continue de nier toute implication.
Prenant la parole à Homa Bay (ouest) ce vendredi, William Ruto a promis de « garantir la paix » pour la jeunesse. « Nous allons mettre fin aux enlèvements pour que nos jeunes puissent vivre en paix », a-t-il déclaré, tout en exhortant les parents à « assumer leurs responsabilités ».
Ce discours fait suite aux critiques de Rigathi Gachagua, ancien vice-président, évincé en octobre après des désaccords majeurs avec M. Ruto. Gachagua a affirmé jeudi que des « unités secrètes » étaient à l’origine des disparitions. « Enlever ces jeunes et les tuer n’est pas une solution », a-t-il dénoncé.
Lors de son discours annuel sur l’état de la nation en novembre, Ruto avait déjà critiqué « les actions extrajudiciaires » tout en justifiant certaines arrestations ciblant « des éléments subversifs ». Cependant, la persistance des enlèvements suscite une indignation croissante.
La Law Society of Kenya, principale association d’avocats, exhorte la police à enquêter sur ces affaires. Human Rights Watch a révélé qu’une unité mixte des forces de sécurité pourrait être impliquée. Depuis juin, la Commission nationale des droits de l’homme du Kenya (KNCHR) rapporte 82 enlèvements, dont 29 cas restent non résolus.
Face à l’ampleur des critiques, l’IPOA, l’organe de surveillance de la police, a annoncé l’ouverture d’une enquête et le déploiement d’équipes sur les lieux des disparitions. Des manifestations sporadiques ont éclaté, notamment à Embu, où un influenceur reste introuvable.
La pression s’accentue sur l’administration Ruto pour clarifier le rôle des forces de l’ordre dans ces enlèvements. Les leaders religieux et figures politiques, tels que Raila Odinga, ancien opposant et allié de Ruto, se joignent aux appels à la transparence.
Alors que le pays traverse une crise de confiance, la fin des enlèvements pourrait marquer un tournant dans le mandat de William Ruto. Toutefois, les engagements devront être suivis d’actions concrètes pour apaiser une population exaspérée.