Kenscoff : Plus de 150 victimes d’une attaque sanglante

Une attaque meurtrière perpétrée entre le lundi 27 et le jeudi 30 janvier 2025 par des groupes armés affiliés à la coalition Viv Ansanm a coûté la vie à plus de 150 personnes à Kenscoff, localité située à l’est de Port-au-Prince. Selon un rapport publié par l’organisation de défense des droits humains Fondasyon Je Klere (Fjkl), les autorités haïtiennes n’ont réagi que mollement face à cette tragédie annoncée.

La Fjkl dénonce le manque de prévoyance et d’action des dirigeants, qu’elle qualifie d’apathiques et insensibles face aux menaces qui circulaient sur les réseaux sociaux bien avant le drame. L’organisation condamne également l’atteinte grave aux droits fondamentaux, notamment la sécurité, la dignité humaine et la protection des civils sans défense.

La Fjkl accuse l’État de n’avoir ni rempli ses obligations ni pris de mesures concrètes pour empêcher cette attaque. La Police nationale d’Haïti (Pnh), avertie à plusieurs reprises, n’a pas déployé de dispositif suffisant pour contrer l’invasion criminelle. Lors de l’assaut, qui a commencé dans la nuit du 26 au 27 janvier vers 3 heures du matin (8:00 GMT), aucun renfort notable n’a été envoyé sur place.

Un seul véhicule de police a été aperçu après les faits, marquant l’indifférence des autorités locales. Le commissaire Jean-Robert Charles, responsable du commissariat de Kenscoff, aurait qualifié les alertes d’intoxications, une position que Fjkl conteste en présentant des preuves audio vérifiées de ses déclarations.

Plus de 150 personnes ont péri, certaines brûlées vives, dont une mère, Cerilis Paul, et ses six enfants. D’autres victimes, telles que Madame Jeannot Innocent, Monsieur et Madame Elisma Innocent, ainsi que plusieurs fidèles en prière, ont subi le même sort.

Par ailleurs, 16 habitants ont été assassinés à Bongard, 4 à Belot et 3 à Gode. Plusieurs familles entières, comptant jusqu’à dix membres, ont été exterminées. Un membre d’un groupe d’autodéfense a été tué alors qu’il tentait d’aider la population.

Les assaillants ont incendié plus de cent habitations, forçant 3 500 personnes à fuir et à se réfugier dans des conditions précaires sur le site de la mairie de Kenscoff. L’école a été suspendue et la peur s’est installée dans la commune.

Cette offensive ne s’est pas improvisée. Les criminels ont préparé leur assaut à l’aide de drones de surveillance et ont planifié plusieurs itinéraires d’infiltration. Ils sont entrés dans Kenscoff à pied et en motocyclettes, en utilisant des points stratégiques comme Berly et Procy.

Frantzy Valmé, alias Didi, un évadé de prison, est désigné comme l’un des organisateurs de l’attaque. Ce dernier aurait participé à une tentative avortée de prise de contrôle de Pétionville en décembre 2024. D’autres noms sont cités, dont Andressaint Deno, Pierre Fils Orvil et Lucner Deno, comme figures clés du massacre.

Les opérations menées après le drame par la PNH ont abouti à la saisie d’un fusil, un revolver de 9 mm, 216 cartouches, 29 bonbonnes de gaz lacrymogène et quelques chargeurs. Si des criminels auraient été abattus, aucune arrestation significative n’a été effectuée.

Un couvre-feu a été imposé le 25 janvier 2025 de 21 heures à 6 heures du matin (11:00 GMT), et la circulation des motos a été restreinte. Cependant, ces initiatives n’ont pas prévenu la tragédie.

Dès le 23 janvier 2025, les autorités municipales avaient pourtant signalé l’imminence d’une attaque à la police, en raison de menaces croissantes sur les réseaux sociaux et d’activités suspectes dans la région.

La Fjkl réclame une prise en charge immédiate des victimes et un soutien aux déplacés. Elle appelle aussi au rétablissement de l’ordre public, à l’arrestation des responsables de ce massacre et à leur traduction en justice.

En outre, l’organisation insiste sur le démantèlement des gangs armés afin d’éviter la reproduction de telles atrocités sur le territoire haïtien.

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