Malgré les annonces de reprises de contrôle et les patrouilles orchestrées par la police et le Mécanisme de Soutien Sécuritaire (MSS), Haïti reste en proie à une violence incessante. Les gangs armés, plus déterminés que jamais, continuent d’exercer leur emprise sur de vastes territoires, notamment dans l’Artibonite et la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Une récente attaque illustre cruellement cette impuissance apparente des forces de l’ordre face à ces groupes criminels.
Liancourt : une victoire éphémère
Lundi 25 novembre 2024, la police nationale, appuyée par l’Unité Départementale de Maintien d’Ordre (UDMO), a fièrement annoncé la reprise du commissariat de Liancourt, dans l’Artibonite. Abandonné depuis plus d’un an, ce poste stratégique devait symboliser le retour de l’État dans une zone gangrenée par l’insécurité. Les patrouilles renforcées, couvrant des secteurs comme Carrefour Paye, Bois Dutre, ou encore L’Estère, ont été saluées comme un pas vers la stabilité.
Cependant, moins de 48 heures plus tard, les gangs ont riposté violemment. Dans la nuit du mardi 26 au mercredi 27 novembre, le groupe criminel Gran Grif a attaqué la localité de Savann Boulé, semant la terreur parmi les habitants. Le bilan provisoire fait état de deux morts, plusieurs blessés, des maisons incendiées et des dizaines de têtes de bétail volées. Les assaillants ont tiré dans toutes les directions, laissant derrière eux désolation et panique.
L’Artibonite
Cette attaque brutale à Savann Boulé reflète l’audace des gangs qui, malgré les efforts des autorités, continuent de dicter leurs lois. Ce n’est pas un incident isolé. D’autres localités, telles que Marchand-Dessalines et Pont-Sondé, restent sous la menace constante des groupes armés. Les habitants, exaspérés, multiplient les appels à une action ferme pour démanteler ces réseaux criminels.
Port-au-Prince
Pendant ce temps, dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, la situation reste critique. Bien que certaines institutions publiques et privées aient timidement repris leurs activités, la peur des gangs reste omniprésente. Des quartiers comme Meyotte, Kago et Kòlèt ont été secoués mardi soir par des tirs d’armes automatiques, plongeant les habitants dans une angoisse profonde.
Dans ce contexte de tension, la coalition armée Vivre Ensemble, dirigée par Jimmy Chérizier alias « Barbecue », menace de nouvelles représailles sanglantes. À travers des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, ses membres promettent des attaques sans merci, y compris contre des femmes enceintes et des enfants, en réponse aux récentes offensives des forces de l’ordre.
Entre résilience et désespoir
Malgré l’insécurité, les Haïtiens tentent de maintenir une apparence de normalité. Certaines écoles rouvrent leurs portes tandis que d’autres optent pour l’enseignement en ligne. La pénurie de carburant et d’eau potable semble s’atténuer, notamment grâce à la réouverture de certaines routes. Dans les bureaux de transfert, les files d’attente s’allongent, les citoyens cherchant désespérément à récupérer les fonds envoyés par leurs proches à l’étranger.
Cependant, cette résilience masque mal un sentiment d’abandon. Les efforts des autorités, bien que visibles, peinent à rassurer une population fatiguée par des années de violence et d’instabilité. Chaque annonce de victoire est suivie de représailles brutales des gangs, confirmant l’enracinement de ces groupes criminels et leur capacité à défier l’État.
Vers une urgence de solutions durables
Face à cette spirale de violence, il est clair qu’une stratégie plus globale et coordonnée est nécessaire pour reprendre le contrôle des zones assiégées et restaurer la confiance des citoyens. Haïti ne peut se contenter d’initiatives ponctuelles ; seule une mobilisation nationale et internationale peut espérer venir à bout de cette crise.