Yoon Suk Yeol, président de la Corée du Sud, a été destitué par le Parlement le 14 décembre. Retour sur les événements qui ont conduit à cette décision et ses implications pour le pays.
Une tentative controversée de loi martiale
Dans la nuit du 3 au 4 décembre, Yoon Suk Yeol a surpris la nation en annonçant la mise en place de la loi martiale, un acte rarement vu dans une démocratie moderne. Cette décision a immédiatement suscité une vive opposition, tant de la part de l’opposition parlementaire que de la population.
Le président avait justifié cette mesure exceptionnelle par des tensions liées au vote du budget national. Cependant, les critiques n’ont pas tardé à qualifier cette tentative de « rébellion constitutionnelle ». En quelques heures, une mobilisation massive des citoyens et une réunion d’urgence du Parlement ont contraint Yoon à abroger la loi martiale après seulement six heures.
Un vote historique au Parlement
Le 14 décembre, après des jours de débats, le Parlement sud-coréen a voté la destitution de Yoon Suk Yeol par 204 voix pour, 85 contre, 3 abstentions et 8 bulletins invalides. Cette motion, qui nécessitait au moins 200 votes favorables sur 300 députés, a pu passer grâce au ralliement de certains membres du Parti du pouvoir au peuple (PPP), la formation politique du président.
À l’extérieur de l’Assemblée nationale, des dizaines de milliers de manifestants ont explosé de joie en apprenant la décision, saluée comme une victoire pour la démocratie.
Avec ce vote, Yoon Suk Yeol est officiellement suspendu de ses fonctions, laissant la présidence intérimaire entre les mains du Premier ministre Han Duck-soo. La Cour constitutionnelle a désormais six mois pour valider ou rejeter la destitution.
Un élément notable complique toutefois le processus : trois des neuf juges de la Cour sont actuellement vacants, nécessitant une unanimité des six juges restants pour confirmer la destitution. Si celle-ci est validée, une élection présidentielle anticipée devra être organisée dans un délai de 60 jours.
Les conséquences politiques et sociales
La destitution de Yoon Suk Yeol marque un tournant dans l’histoire politique de la Corée du Sud. Il devient le troisième président du pays à être destitué après Roh Moo-hyun en 2004 (finalement réintégré) et Park Geun-hye en 2017.
Ce scandale a également ébranlé le Parti du pouvoir au peuple, dont certains membres ont publiquement critiqué la tentative de loi martiale. Le chef du parti a même déclaré que cette mesure plaçait le pays « en grand danger ».
Par ailleurs, Yoon Suk Yeol fait désormais face à une enquête pour « rébellion » et a été interdit de quitter le territoire. Son ancien ministre de la Défense, Kim Yong-hyun, accusé d’avoir influencé cette décision, a été arrêté le 8 décembre.
Vers une nouvelle ère politique ?
Cette crise politique sans précédent reflète les tensions profondes au sein du paysage politique sud-coréen. Si la Cour valide la destitution, la Corée du Sud entrera dans une période de transition politique cruciale avec une élection présidentielle anticipée.
La destitution de Yoon Suk Yeol, décrite par certains comme une victoire de la démocratie, reste une leçon historique sur l’importance de respecter les institutions et l’ordre constitutionnel dans un État de droit.