Bwa Kalé , né de l’exaspération des populations locales face à l’insécurité et à l’inaction des autorités, est initialement un cri de révolte légitime contre les gangs et la corruption. Cependant, ce mouvement de justice populaire, qui prône une rébellion contre les criminels et les politiciens jugés vrais, a été perverti par des réseaux criminels qui l’utilisent pour camoufler des activités bien plus sinistres : le trafic d’organes.
Les autorités judiciaires de Saint-Marc enquêtent actuellement sur un réseau criminel spécialisé dans le trafic d’organes humains, avec des vidéos montrant des scènes macabres ayant circulé sur les réseaux sociaux. Ces vidéos révèlent des opérations sinistres où des organes, notamment des cœurs, sont extraits avec une précision qui laisse supposer l’implication de professionnels ou de personnes formées dans ce domaine.
Selon Berthide Horace, membre de la société civile de Saint-Marc, ces criminels exploitent les tensions locales, se faisant passer pour des citoyens engagés dans le mouvement de justice populaire connu sous le nom de Bwa Kalé. Ce mouvement, qui a initialement visé les bandits et les politiciens corrompus, a créé un climat de confusion que les trafiquants d’organes utilisent à leur avantage.
L’expression Bwa Kalé, qui signifie « phallus tumescent » en créole haïtien, symbolise une riposte agressive contre les injustices, qu’elles soient le fait de gangs ou de politiciens véreux. Ce slogan est devenu un cri de ralliement pour les habitants excédés par l’inaction de l’État et la montée de la violence.
Cependant, ce mouvement, bien qu’initié par une volonté de justice, a été détourné par des criminels qui l’utilisent comme couverture pour perpétrer des atrocités. Ces derniers accusent à tort leurs victimes de collusion avec les gangs, justifiant ainsi leurs actes devant une population souvent impuissante face à la violence ambiante.
Dans la région de Petite-Rivière, proche du canal et à quelques pas du commissariat, des scènes horribles se déroulent. Les trafiquants d’organes décapitent leurs victimes avant d’extraire leurs organes, principalement les cœurs.
Les fêtes de fin d’année, traditionnellement une période de rassemblement familial et de célébration en Haïti, ont été marquées par deux nouvelles victimes de ce réseau. Ces citoyens paisibles, selon les témoignages, ont été ciblés sous de fausses accusations, montrant que ces atrocités dépassent largement le cadre du simple conflit gangstérisme.
Le commissaire du gouvernement de Saint-Marc a déclaré que des enquêtes sont en cours pour identifier et poursuivre les responsables de ces crimes atroces. Cependant, l’efficacité de ces enquêtes reste limitée par plusieurs facteurs, notamment le manque de ressources, la corruption et l’insécurité généralisée dans la région.
Les habitants de l’Artibonite, quant à eux, réclament des mesures plus concrètes pour mettre fin à cette crise. « Cela ne va pas résoudre la situation », affirme Émilio François, un résident, en faisant référence aux actions limitées des autorités face à l’ampleur du problème.
Le trafic d’organes en Haïti est un sujet d’une gravité extrême qui reflète les dysfonctionnements de l’État, l’effondrement des infrastructures judiciaires et la vulnérabilité criante de la population. Cette crise, particulièrement marquée dans la région de l’Artibonite, met en lumière des pratiques inhumaines qui, selon des témoignages locaux, se multiplient à une vitesse alarmante.