Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a révélé que les États-Unis ont engagé un contact direct avec Hayat Tahrir al Sham (HTS), un groupe islamiste désigné comme organisation terroriste, qui a joué un rôle central dans le renversement du régime de Bachar al-Assad. Cette annonce marque un tournant dans les relations internationales concernant la Syrie et soulève de nombreuses interrogations sur les motivations et implications de Washington.
Lors d’une conférence de presse à Aqaba, en Jordanie, Blinken a confirmé que ce contact s’inscrit dans le cadre des efforts pour stabiliser la Syrie après la chute du régime Assad, survenue le 8 novembre 2024. HTS, longtemps associé à Al-Qaïda, a dirigé la coalition rebelle qui a pris le contrôle de Damas après une offensive fulgurante.
Interrogé sur la nature de ces échanges, Blinken a déclaré : « Oui, il y a eu un contact direct. » Cependant, il n’a pas divulgué les détails des discussions, insistant sur la nécessité d’avancer vers une transition politique inclusive.
Une partie de ces échanges vise également à localiser Austin Tice, journaliste américain porté disparu en Syrie depuis 2012. Ce geste symbolise une tentative de collaboration malgré le statut controversé de HTS, considéré comme un groupe terroriste par Washington et d’autres nations occidentales.
Blinken a souligné que les États-Unis restent engagés envers un processus de transition dirigé par les Syriens eux-mêmes. « Nous voulons voir une Syrie pacifique, où les droits de tous les citoyens, y compris des minorités et des femmes, sont respectés », a-t-il ajouté.
hts : un leadership en quête de légitimité
Sous la direction d’Ahmad al Sharaa, alias Abou Mohammed al Golani, HTS tente de redéfinir son image. Le groupe, qui affirme avoir rompu avec ses racines jihadistes, s’engage à établir un gouvernement inclusif et à garantir la sécurité dans les territoires sous son contrôle.
Cependant, de nombreux observateurs restent sceptiques face à ces promesses. Les analystes soulignent que HTS devra prouver sa capacité à gouverner tout en apaisant les craintes de la communauté internationale.
Une situation régionale complexe
La chute d’Assad a plongé la région dans une phase de réajustement géopolitique. La Turquie, principal soutien des rebelles syriens, a réouvert son ambassade à Damas, fermée depuis 2012. Pendant ce temps, Israël a intensifié ses frappes en Syrie, ciblant des sites militaires stratégiques.
Les acteurs régionaux, réunis en Jordanie, ont exprimé leur inquiétude face à une possible résurgence d’organisations extrémistes comme l’État islamique. Une déclaration conjointe appelle à des élections sous supervision internationale et à l’élaboration d’une nouvelle constitution syrienne.