Les routes nationales #2 et #3 oubliées par les autorités

En Haïti, les routes nationales #2 et #3, artères vitales pour la circulation et l’économie du pays, sont aujourd’hui synonymes de désolation. Tandis que les autorités semblent absorbées par des luttes internes et des scandales de corruption, des millions de citoyens se retrouvent pris en otage, privés de mobilité, et confrontés à une insécurité croissante.

une situation catastrophique sur la route nationale #3

La nationale #3, qui relie Port-au-Prince au Cap-Haïtien, est pratiquement impraticable. À Morne Gran Gilles, près de la Grande-Rivière du Nord, un glissement de terrain a obstrué l’unique voie reliant le Nord au reste du pays, isolant la deuxième ville d’Haïti depuis plus de deux semaines. Les pluies torrentielles ont aggravé une situation déjà critique, rendant tout passage dangereux pour les véhicules.

Les transporteurs dénoncent l’inaction des autorités face à une route en ruines depuis des années, malgré les milliards investis dans des projets souvent sans lendemain. Les conséquences sont désastreuses : des biens essentiels n’atteignent plus leur destination, les accidents se multiplient, et les voyageurs se retrouvent sans solution, d’autant plus que l’aéroport de Port-au-Prince est souvent hors service.

la nationale #2 sous la coupe des gangs

Pendant ce temps, la route nationale #2, qui dessert le Grand Sud, est sous le contrôle des gangs armés. Cette insécurité paralyse le transport de biens et de personnes vers des villes comme Miragoâne, les Cayes, Jérémie ou Jacmel. Le résultat : une flambée des prix des produits de première nécessité et un effondrement du pouvoir d’achat dans une région déjà vulnérable.

Les chauffeurs sont non seulement confrontés aux dangers des routes impraticables, mais aussi à des taxes imposées par les groupes armés. Le carburant devient un luxe inabordable, exacerbant la misère de la population.

un état paralysé par ses propres luttes

Alors que le pays s’enfonce dans le chaos, les autorités restent muettes. Les préoccupations semblent ailleurs : luttes pour le pouvoir, soupçons de corruption, et scandales comme celui impliquant la Banque Nationale de Crédit (BNC) ou les débats autour de la nomination à la tête de la DGI. Ces querelles internes illustrent un mépris criant pour les besoins urgents de la population.

En dépit des cris d’alarme et des appels au secours, aucune intervention significative n’a été menée pour restaurer ces routes stratégiques. Les investissements promis se perdent dans les méandres de la mauvaise gouvernance, laissant les citoyens livrés à eux-mêmes face aux défis quotidiens.

un avenir en suspens

Les routes nationales #2 et #3 ne sont pas de simples infrastructures. Elles incarnent l’unité et le fonctionnement même du pays. Leur dégradation symbolise l’effondrement d’un État incapable d’assurer des services de base à ses citoyens.

Pourtant, ces routes pourraient être des leviers économiques majeurs, connectant des régions agricoles et commerciales au reste du pays. Leur réhabilitation devrait être une priorité absolue pour le gouvernement, non seulement pour relancer l’économie, mais aussi pour restaurer un semblant de confiance auprès d’une population à bout de souffle.

En attendant, le quotidien des Haïtiens continue d’être rythmé par les embûches, l’insécurité et l’injustice. Et si ces routes restent le reflet de l’état de délabrement du pays, elles rappellent aussi l’urgence d’un sursaut national pour éviter que l’Haïti ne sombre davantage.

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