ÉCONOMIE – Le gouvernement malien agit pour garantir une souveraineté accrue sur ses ressources naturelles. Depuis plusieurs mois, un conflit oppose l’État malien et l’entreprise canadienne Barrick Gold, exploitante du gigantesque complexe aurifère de Loulo-Gounkoto. Ce bras de fer atteint un nouveau palier avec la saisie de stocks d’or sur ce site stratégique.
Le gouvernement malien, soutenu par sa population dans une quête de souveraineté économique, a débuté, samedi 13 janvier, la saisie des stocks d’or présents sur le site de Loulo-Gounkoto, situé dans l’ouest du pays. L’extraction y est opérée par Barrick Gold, qui détient 80 % des parts, contre 20 % pour l’État malien.
Cette mesure intervient alors que les exportations d’or du complexe sont bloquées depuis plus de sept semaines par les autorités maliennes, qui revendiquent une part plus importante des revenus générés par ce site, l’un des plus importants complexes aurifères au monde.
Selon une communication interne de Barrick Gold, consultée par l’AFP, un hélicoptère a été dépêché samedi sur le site pour exécuter l’ordonnance de saisie. Bien que le volume d’or saisi et sa valeur exacte n’aient pas été communiqués, cet acte marque une escalade dans le différend entre les deux parties.
Barrick Gold, qui emploie environ 8 000 personnes et collabore avec de nombreux prestataires locaux, a averti qu’elle pourrait suspendre ses opérations si les expéditions d’or ne sont pas débloquées rapidement. Cette menace reste d’actualité selon une note interne de la société.
Dans le cadre de ce conflit, les autorités maliennes ont déjà pris des mesures fortes : quatre employés maliens de Barrick Gold ont été inculpés et placés en détention en novembre. En décembre, des mandats d’arrêt ont été émis contre le PDG sud-africain de l’entreprise et le directeur général malien du complexe, accusés de « blanchiment de capitaux ».
Le Mali, troisième producteur d’or en Afrique, dépend fortement de ce métal précieux, qui représente environ 25 % de son budget national et 75 % de ses recettes d’exportation. Ce conflit intervient dans un contexte où le gouvernement malien cherche à maximiser les retombées économiques des ressources naturelles pour soutenir son développement et renforcer sa souveraineté économique.
En dépit des défis liés au djihadisme et à une crise multidimensionnelle, les autorités maliennes s’efforcent de rééquilibrer les rapports de force avec les compagnies étrangères opérant dans le pays.
Cette situation illustre une tendance plus large en Afrique de l’Ouest, où plusieurs gouvernements cherchent à renforcer leur contrôle sur les ressources naturelles face à des entreprises étrangères souvent perçues comme bénéficiant de contrats déséquilibrés.
Le cas du Mali met en lumière les tensions croissantes entre États africains et compagnies minières, et soulève des questions sur l’équilibre entre attractivité pour les investisseurs étrangers et préservation des intérêts nationaux.