Leslie Voltaire et les accusations de détournement de fonds au sein du CPT

Lors de l’inauguration des « Mardis de la Nation » à la Villa d’Accueil, le mardi 14 janvier 2025, Leslie Voltaire, président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), s’est retrouvé au cœur d’une polémique. Interrogé par Le Nouvelliste sur des accusations graves concernant des versements de 5 millions de gourdes mensuels aux conseillers présidentiels pour des activités de renseignement, M. Voltaire a éludé la question en invoquant l’article 40 de la Constitution.

Selon des révélations du rapport exécutif de l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC), publié en octobre 2024, les avantages perçus par certains hauts responsables incluent des sommes exorbitantes. Ces montants, supposés alloués à des missions de renseignement, suscitent des interrogations.

Voici un extrait des émoluments mentionnés dans le rapport :

  • Salaire de base : 220 000 gourdes.
  • Frais de fonctionnement : Un tiers de ce salaire.
  • Frais de résidence : 400 000 gourdes.
  • Budget renseignement : 25 millions de gourdes mensuels.
  • Cartes prépayées et carburant : Entre 400 000 et 500 000 gourdes pour les cartes, et 250 000 gourdes pour le carburant.
  • Recharge téléphonique : 20 000 gourdes.

Le rapport pointe également un fait préoccupant : l’absence de transparence dans l’utilisation de ces fonds, souvent classés comme des dépenses de sécurité nationale, et donc non soumis à un audit, conformément à l’article 68 de la loi de finances du 4 mai 2016.

Interrogé directement sur ces allégations, Leslie Voltaire a déclaré que la divulgation de ces informations relevait de la sécurité nationale, citant l’article 40 de la Constitution. « L’État a pour obligation de rendre public tout ce qui touche à la vie nationale, sauf pour les informations concernant la sécurité nationale », a-t-il rappelé.

Pourtant, les questions soulevées ne concernaient pas les stratégies de sécurité, mais des soupçons de mauvaise gestion et de détournement de fonds publics. Ces préoccupations sont notamment partagées par les signataires de l’accord du 3 avril, qui a donné naissance au CPT, et qui demandent plus de transparence.

Face à ces critiques, Voltaire a adopté un ton sarcastique. Lorsqu’on lui a demandé de commenter le train de vie des membres du CPT, il a répondu :

« Tren vi nou nan CPT a, nou mete kostim, kravat, wayabèl, nou manje ansanm, nou gen yon eskòt 3 machin, nou ranfòse sekirite lakay nou. »

Cette réponse ironique, loin de dissiper les doutes, a alimenté la perception d’un manque de sérieux dans la gestion de ces fonds.

Un ancien Premier ministre, contacté par Le Nouvelliste, a expliqué que les fonds destinés aux activités de renseignement suivent des procédures impliquant plusieurs institutions clés, telles que :

  • La Primature.
  • Les ministères de l’Intérieur, de la Justice, et de l’Économie.
  • La Banque de la République d’Haïti (BRH).

Selon cette source, plus de 50 acteurs participent à la gestion administrative de ces fonds, rendant difficile l’identification d’un éventuel détournement. Cependant, cette complexité bureaucratique n’exclut pas les risques de mauvaise gestion ou de corruption.


Les Contradictions des “Mardis de la Nation”

Les “Mardis de la Nation” ont été présentés par Leslie Voltaire comme une plateforme visant à renforcer la transparence et à répondre aux préoccupations des citoyens. Pourtant, le refus du président du CPT d’aborder ces soupçons de corruption jette une ombre sur cet engagement.

Alors que l’objectif affiché est de promouvoir une gouvernance ouverte, ce silence sur des accusations graves alimente les doutes quant à la sincérité du gouvernement de transition en matière de reddition de comptes.

Les allégations entourant les émoluments des conseillers présidentiels, combinées à l’opacité sur l’utilisation des budgets de renseignement, mettent en lumière apparemment la culture de corruption développée par cette génération de politicien Haïtien.

La polémique autour de Leslie Voltaire et du CPT ne se limite pas à un problème individuel. Elle reflète des lacunes structurelles dans la gouvernance publique en Haïti.

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