La République dominicaine s’apprête à intensifier une politique migratoire déjà controversée. Si les quotas hebdomadaires annoncés sont respectés, plus de 500 000 migrants sans papiers, principalement des Haïtiens, pourraient être expulsés du territoire d’ici la fin de l’année 2025
En 2024, les autorités dominicaines ont expulsé 276 000 migrants sans papiers. Cependant, ce chiffre pourrait presque doubler en 2025, avec un objectif ambitieux fixé à 10 000 expulsions par semaine. Cette directive, mise en œuvre par la Direction générale de la migration et appuyée par les Forces armées, cible principalement les Haïtiens, suivis des migrants vénézuéliens et asiatiques.
Selon les autorités, cette politique vise à lutter contre l’immigration irrégulière et le trafic d’êtres humains, notamment à la frontière avec Haïti. En parallèle, des mesures telles que la construction d’une barrière frontalière et le renforcement des contrôles migratoires ont été adoptées pour « protéger la souveraineté nationale. »
Depuis septembre 2024, le président Luis Abinader a intensifié la répression contre les migrants en situation irrégulière. En réponse à cette directive, des patrouilles renforcées sont menées quotidiennement à la frontière, où 600 à 800 Haïtiens sont interceptés et renvoyés chaque jour.
Les chiffres trimestriels de 2024 reflètent cette escalade : 48 344 expulsions entre janvier et mars, 62 446 d’avril à juin, 71 414 de juillet à septembre, et un bond à 94 223 entre octobre et décembre. Ces statistiques mettent en lumière l’ampleur croissante des opérations, mais également leur impact sur des milliers de familles.
Le gouvernement s’appuie largement sur les militaires pour atteindre ses objectifs. Récemment, l’armée dominicaine a annoncé que 206 individus, y compris des membres des forces de l’ordre, avaient été arrêtés pour leur implication dans le trafic de migrants. Ce phénomène souligne les complexités de la crise migratoire et les tensions qu’elle génère, même au sein des institutions chargées de la gérer.
La politique d’expulsions massives suscite une indignation croissante, tant au niveau national qu’international. Plus de mille intellectuels, militants et organisations en provenance de toute l’Amérique latine, des Caraïbes, d’Europe et d’Amérique du Nord ont signé une lettre ouverte pour dénoncer ces pratiques.
Les critiques pointent notamment du doigt les expulsions de Dominicains d’origine haïtienne, une pratique qui viole les droits fondamentaux de ces individus. Néanmoins, le président Abinader reste inflexible, affirmant que « l’absence de contrôles migratoires mène à l’anarchie. »
La situation en Haïti, marquée par une violence extrême et une instabilité politique chronique, alimente cette vague migratoire. En 2024, les gangs armés en Haïti ont causé la mort de plus de 5 000 personnes, incitant de nombreux Haïtiens à chercher refuge en République dominicaine malgré les risques d’expulsion, de discrimination, de racistes et meme de lynchage.
Le programme de déportation dominicain risque d’aggraver une situation déjà critique pour des milliers de migrants. Avec plus de 500 000 expulsions potentielles, l’impact humanitaire de cette politique pourrait être dévastateur.