Le gouvernement vénézuélien a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec le Paraguay, invoquant le soutien explicite du président paraguayen, Santiago Peña, à l’opposant Edmundo González Urrutia. Une prise de position jugée inacceptable par Caracas, qui accuse Asunción de méconnaître les principes fondamentaux du droit international et de la souveraineté nationale.
Dans un communiqué officiel, le gouvernement de Nicolás Maduro a déclaré : « La République bolivarienne du Venezuela a décidé, en exercice plein de sa souveraineté, de rompre ses relations diplomatiques avec la République du Paraguay et de procéder au retrait immédiat de son personnel diplomatique. » Cette décision intervient moins d’un an après le rétablissement des relations entre les deux pays, consécutif à l’arrivée au pouvoir de Santiago Peña en août 2023.
Caracas a dénoncé ce qu’elle considère comme une répétition des stratégies « sans fondement politique, juridique ou social » menées par des gouvernements antérieurs, notamment sous l’égide de l’ancien président Mario Abdo Benítez. Ce dernier avait, en 2019, rompu les liens avec le Venezuela en contestant la légitimité du second mandat de Maduro.
Le Venezuela critique sévèrement l’attitude du gouvernement paraguayen, accusant Peña de soumettre sa politique étrangère aux intérêts d’acteurs extérieurs. Dans son communiqué, Caracas déplore que « des gouvernements comme celui du Paraguay continuent de subordonner leur politique extérieure aux intérêts de puissances étrangères, en promouvant des agendas visant à miner la souveraineté des peuples ».
Cette déclaration met en lumière une critique plus large adressée à certains pays qui se présentent comme les garants de la démocratie tout en intervenant dans les affaires internes d’autres nations. Pour le Venezuela, cette approche s’apparente à une ingérence, contraire aux principes fondamentaux de non-intervention et d’autodétermination inscrits dans le droit international.
La tension a culminé après une vidéoconférence entre Santiago Peña, Edmundo González Urrutia – considéré par Peña comme le « véritable président élu » du Venezuela – et l’opposante María Corina Machado. Lors de cet échange, Peña a appelé à une union régionale pour contrer les « régimes autoritaires » et à soutenir la « victoire démocratique » de González Urrutia.
Pour Caracas, de telles déclarations traduisent une ingérence manifeste dans sa politique intérieure. Yvan Gil, ministre des Affaires étrangères vénézuélien, a dénoncé une « tentative de subversion soutenue par des forces extérieures » et affirmé que « la souveraineté d’un peuple ne peut être dictée par des agendas internationaux ».
Le gouvernement Maduro a réaffirmé son engagement en faveur de « la démocratie, la paix et l’autodétermination des peuples ». Il a qualifié les positions de Peña de « bouffonneries inspirées par un fascisme international », tout en réitérant que ces pressions ne sauraient « ébranler la volonté ferme du peuple vénézuélien à construire son propre destin ».
Cette crise diplomatique entre le Venezuela et le Paraguay illustre une problématique récurrente en Amérique latine : l’usage de la démocratie comme justification d’une ingérence extérieure. Caracas accuse ses détracteurs de manipuler ce concept pour légitimer leurs interventions, sous couvert de défendre la volonté populaire.
Pourtant, la souveraineté nationale demeure un pilier essentiel des relations internationales. Ce principe, souvent invoqué mais rarement respecté, met en lumière la complexité des relations diplomatiques où les intérêts géopolitiques priment souvent sur les valeurs proclamées.