Haïti: Leslie Voltaire, Alix Didier Fils-Aimé, Dennis Hankis et Normil Rameau, tous unis pour accueillir 83 militaires étrangers

65 soldats guatémaltèques et 8 salvadoriens arrivent en Haïti pour renforcer la sécurité

Ce vendredi, 65 soldats guatémaltèques et 8 salvadoriens ont atterri à l’aéroport international de Port-au-Prince à bord d’un avion militaire américain. Leur mission : rejoindre la force multinationale déployée depuis juin 2024 pour soutenir la sécurité en Haïti. Ce premier déploiement inclut 83 membres des forces de sécurité : 75 policiers militaires guatémaltèques et 8 soldats salvadoriens. Ces derniers assureront des évacuations médicales et des secours dans le cadre de la mission conduite par le Kenya, tandis que les policiers guatémaltèques participeront directement aux opérations contre les gangs.

La délégation a été accueillie par le président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Leslie Voltaire, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, et l’ambassadeur des États-Unis en Haïti, Dennis Hankis.

Les soldats salvadoriens préparent également l’arrivée de contingents supplémentaires, selon un porte-parole adjoint de la Police Nationale d’Haïti (PNH), qui a précisé qu’un autre vol est attendu pour demain.

Ces troupes rejoignent les 400 policiers kényans déjà sur place pour épauler la PNH dans sa lutte contre les gangs armés, qui contrôlent environ 80 % de la capitale et opèrent dans d’autres régions du pays, notamment l’Artibonite.

Pendant ce temps, les violences continuent de plonger la capitale dans le chaos. Selon un rapport publié ce vendredi par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), près de 11 000 personnes ont été déplacées à Port-au-Prince après des attaques récentes dans le quartier de Poste Marchand, situé près du Palais national.

Le rapport précise que 95 % des déplacés se réfugient dans 18 sites, dont 4 nouvellement créés et 14 existants avant les incidents.

Lors des célébrations du 221e anniversaire de l’indépendance du pays, Leslie Voltaire a prononcé un discours musclé, il est bon. Le président du CPT a affirmé que plus de 5 000 personnes avaient perdu la vie en 2024 à cause des gangs et a promis une lutte sans merci :

« En 2024, plus de 5 000 personnes sont mortes. Nous sommes en guerre. En 2025, nous poursuivons cette guerre. Les gangs ont déclaré la guerre au peuple, nous déclarons la guerre à eux. Guerre contre tous les membres des gangs. »

Ces renforts viennent combler un besoin pressant de soutien militaire dans un combat jusqu’ici largement mené par les forces de police. Arrivés à bord d’un appareil de l’US Air Force, ils ont été accueillis à l’aéroport international Toussaint Louverture par plusieurs figures haïtiennes : Lesly Voltaire, président du Conseil de transition, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé et le chef de la police nationale, Rameau Normil. Étaient également présents l’ambassadeur américain Dennis Hankins, le commandant de la mission, Godfrey Otunge, et son adjoint, le colonel jamaïcain Kevron Henry. Otunge a rappelé aux troupes qu’elles rejoignaient « une famille accueillante. »

Pour faciliter cette intervention, l’administration américaine a envoyé pas moins de 22 vols en Haïti au cours du dernier mois, transportant du matériel crucial comme des véhicules blindés tout en empêchant semblerait-il, à l’armée haïtienne de s’équiper et d’être autonome. Ces renforts arrivent à un moment critique, alors que Port-au-Prince est en proie à une intensification des attaques armées. Les gangs des zones de Grand Ravine et Martissant multiplient leurs assauts pour s’emparer de Pétion-Ville et des régions montagneuses comme Laboule, Fermathe et Kenscoff, après avoir incendié des entreprises et attaqué des hôpitaux en décembre. La tentative récente de conquête de Pétion-Ville, un bastion épargné jusqu’ici, a donné lieu à des affrontements violents entre forces de sécurité, groupes d’autodéfense et gangs lourdement armés.

Les conséquences de cette violence sont alarmantes : selon l’ONU, les gangs ont tué plus de 5 400 personnes en Haïti l’année dernière et provoqué le déplacement de 700 000 individus. Le système de santé est également sous pression, avec seulement 37 % des infrastructures fonctionnelles dans la capitale. William O’Neill, expert des Nations Unies sur les droits humains en Haïti, a dénoncé les attaques ciblées contre les hôpitaux et les menaces envers le personnel médical, qui fuient massivement le pays. Des établissements comme l’hôpital Bernard Mevs et celui de l’Université d’État ont été incendiés ou attaqués, aggravant une situation déjà critique.

Ce déploiement latino-américain s’ajoute à 416 agents kenyans, jamaïcains, bahamiens et bélizéens déjà sur place. Les renforts guatémaltèques restants et d’autres forces devraient arriver dans les prochains jours pour atteindre l’objectif de 1 000 personnels sur le terrain d’ici la fin de l’année, un plan largement financé par les États-Unis pour ses raisons. Cependant, les observateurs critiquent un manque de stratégie, à savoir une approche dictée par l’offre en équipements plutôt que par les besoins du terrain.

Malgré les défis, cette mission est perçue comme essentielle pour épauler la police haïtienne sous-équipée volontairement face à des gangs disposant d’armes automatiques sophistiquées. Cependant, l’avenir de cette mission reste incertain avec la fin imminente du mandat du président Joe Biden et l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche. Les républicains au Congrès ont exprimé leur réticence envers le financement de cette opération, contraignant Biden à contourner leur opposition pour mobiliser 628 millions de dollars en soutien logistique et financier. Ces fonds incluent des véhicules blindés, des drones et des équipements de vision nocturne.

En dépit des obstacles, les autorités espèrent que ce renforcement permettra non seulement de restaurer la sécurité mais aussi de créer les conditions nécessaires pour organiser des élections crédibles et inclusives, une étape cruciale pour stabiliser un pays en pleine crise selon les dits de plusieurs maîtres haïtiens et étrangers de ce pays.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *