Ce n’est pas un aveu d’impuissance. C’est le constat amer d’une politique qui conduit à la mise à mort de la plus grande frange de la population. Ce constat se traduit par l’indifférence de ceux qui détiennent l’autorité et ont le devoir d’entretenir la vie, de faciliter le vivre-ensemble… Or, ces derniers créent toutes les conditions et développent tous les mécanismes conduisant à un achèvement social inévitable. Parallèlement, ils prospèrent sur les décombres de l’invivable.
J’ai le droit de poser la question : de quelle fierté peut se réclamer une élite qui fonde sa richesse sur la misère crapuleuse d’une classe sociale modeste ? Il faut préciser qu’être humain ne se limite pas à un corps composé de membres inférieurs et supérieurs. Il en faut plus, comme l’altérité, par exemple, qui suppose la reconnaissance de l’autre dans sa différence, qu’elle soit ethnique, sociale, culturelle ou religieuse.
« Nous mourrons tous, les bêtes, les arbres, les chrétiens vivants. » Roumain l’a dit il y a 81 ans, mais le constat demeure. La vie bascule vers le pire. Et il me semble qu’un mieux-être n’aura pas lieu demain. Peut-être dans dix ans, mais je n’en suis pas sûr. Aucun indice ne permet d’être affirmatif. Je refuse donc d’être un faux prophète. Qu’est-ce qui explique la persistance de l’obstacle à faire monde, à faire société où chacun peut bénéficier le minimum vital?
Espérons que cette mort imminente, provoquée, qui nous assaille, puisse réveiller en nous l’être révolutionnaire, le feu de la liberté, l’épée de la conquête de notre dignité en tant qu’êtres humains. Car fuir la mise à mort dans nos quartiers défavorisés pour partir à l’étranger ne nous guérit pas du mal du pays.
Grégory PIERRE
Sociologue
Un très bon article