ONU-Haïti : Des alertes impuissantes face à un pays en flammes

Alors que la violence gangrène Haïti et que les institutions locales s’effondrent sous le poids d’une insécurité galopante, l’ONU multiplie les déclarations d’alerte… sans véritable effet. Dernière en date : le Secrétaire général António Guterres exprime une fois de plus son « inquiétude » face à l’escalade des violences. Pendant ce temps, les rues de Port-au-Prince deviennent des champs de bataille entre gangs armés, forces de police et citoyens excédés.


Une capitale livrée aux flammes

Port-au-Prince, le cœur battant d’Haïti, est devenu l’épicentre d’un chaos sans précédent. Ce mardi 19 novembre, plus de 28 bandits ont été tués dans des affrontements entre la Police nationale haïtienne (PNH), des membres de la population en colère et des groupes armés tentant de s’implanter dans des zones clés comme Pétion-Ville et Delmas. À Musseau, plusieurs camions transportant des malfrats ont été interceptés. Des scènes d’une violence inouïe se sont déroulées à Lalue, Bourdon et Canapé-Vert, où des cadavres gisaient dans les rues, témoins d’une population prête à tout pour reprendre le contrôle de ses quartiers.

Médecins Sans Frontières ferme ses portes

Face à cette situation, l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF), l’un des rares bastions d’aide humanitaire encore actif, a annoncé la suspension temporaire de ses activités dans la capitale. Dans une note, MSF a évoqué des menaces de mort provenant aussi bien de gangs armés que de certains membres des forces de police. Deux patients de l’ONG avaient été tués dans ses structures médicales quelques jours auparavant.

« Dans ces conditions, nous ne pouvons pas garantir la sécurité de notre personnel ni celle de nos patients », a précisé l’organisation, annonçant le transfert des malades vers d’autres hôpitaux déjà débordés.


L’ONU : des mots face aux balles

Dans ce climat d’extrême violence, l’ONU, par la voix de Stéphane Dujarric, porte-parole de Guterres, a réitéré son soutien à la Police nationale haïtienne et à la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS), dirigée par le Kenya. Toutefois, cette mission, déployée depuis juin, peine à avoir un impact significatif.

Le Secrétaire général appelle à un soutien financier et logistique accru, mais les résultats sur le terrain restent minces. Pendant ce temps, la Coordonnatrice humanitaire de l’ONU en Haïti, Ulrika Richardson, vante les distributions de repas, d’eau et de kits d’hygiène, ainsi que l’apport de médicaments aux hôpitaux. Pourtant, ces efforts, bien qu’essentiels, semblent dérisoires face à la crise.


Des moyens qui manquent cruellement

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a servi près de 38 000 repas chauds sur 26 sites à Port-au-Prince et à l’Arcahaie en un seul week-end. Cependant, le Plan de réponse humanitaire, qui nécessite 674 millions de dollars, n’est financé qu’à 43 %, laissant un gouffre de 384 millions de dollars non couverts.

Même le service aérien humanitaire de l’ONU, essentiel pour le transport de passagers et de marchandises, peine à reprendre ses activités, symbolisant l’immense difficulté des organisations internationales à intervenir dans ce pays où chaque jour apporte son lot de drames.


Des citoyens livrés à eux-mêmes

Face à la faiblesse des institutions locales et internationales, les citoyens haïtiens s’organisent, souvent par la violence, pour défendre leurs quartiers. Les scènes de lynchage et de représailles se multiplient, tandis que la PNH tente de reprendre le contrôle, souvent au prix de pertes humaines importantes.


L’ONU à la croisée des chemins : agir ou se taire ?

Le contraste entre les déclarations répétées de l’ONU et la réalité du terrain ne cesse de s’aggraver. Alors que le chaos s’étend, les Haïtiens restent seuls face à une violence qui ne faiblit pas. L’heure est venue pour les grandes institutions internationales de dépasser les discours et de proposer des solutions concrètes. Sinon, leur rôle se limitera à celui de témoins impuissants d’un pays en train de sombrer.

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