Haïti : un ministre de la santé révoqué pour collusion présumée avec des gangs armés et incompétence

La révocation du ministre de la santé publique, Duckenson Bléma Lorthe, a été officialisée ce jeudi 26 décembre 2024, marquant un nouveau tournant dans la crise sécuritaire qui ravage Haïti. L’arrêté nommant Patrick Pélissier comme ministre par intérim, publié dans le journal officiel Le Moniteur, fait suite à de graves accusations de connivence entre l’ancien ministre et des groupes criminels.

Le 24 décembre, l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) à Port-au-Prince a été le théâtre d’une attaque sanglante menée par la coalition de gangs armés « Vivre Ensemble ». Ce drame a causé la mort de deux journalistes et d’un policier, ainsi que des blessures graves à plusieurs autres journalistes. Cette tragédie a jeté une lumière crue sur les complicités présumées de Duckenson Bléma Lorthe, qui aurait organisé des négociations douteuses avec les criminels pour rouvrir un hôpital largement inopérationnel.

Selon Pierre Espérance, directeur du RNDDH, Bléma aurait chargé une proche alliée, Rosemilla Petit-Frère, de mener ces discussions avec les chefs de gangs. Ces accusations, conjuguées à une gestion médiatique controversée, ont précipité sa chute.

Le Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, a acté cette décision lors d’une réunion exceptionnelle du Conseil présidentiel de transition (CPT) le 26 décembre 2024. Le remplacement de Duckenson Bléma Lorthe par Patrick Pélissier a été formalisé par un arrêté publié dans l’édition spéciale de Le Moniteur. Ce dernier devra relever d’importants défis, notamment la reconstruction d’un système de santé exsangue et la lutte contre les infiltrations criminelles.

Une attaque qui symbolise le chaos

L’attaque du 24 décembre illustre à quel point la violence armée plonge le pays dans un chaos inextricable. Parmi les victimes figurent Mackendy Natoux (Boston Caribbean Network) et Jimmy Jean (Moun Afè Bon TV). Les blessés, quant à eux, reçoivent des soins à l’Hôpital La Paix. Cette escalade de violence a été revendiquée par des figures notoires comme Jimmy Chérisier, alias « Barbecue », et Izo, qui continuent de défier ouvertement les autorités.

Face à cette tragédie, l’Association des Journalistes Haïtiens (AJH) a qualifié l’attaque de « barbare » et exhorté le gouvernement à agir. Les autorités, tout en exprimant leur solidarité, restent largement critiquées pour leur incapacité à rétablir la sécurité.

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