Alors que les crises mondiales se multiplient et que l’Organisation des Nations unies peine à s’imposer comme un acteur décisif sur la scène internationale, que peut-on réellement attendre d’une réunion consacrée à Haïti ? Ce mercredi 20 novembre 2024, le Conseil de sécurité se penche, une fois de plus, sur la situation du pays, avec en toile de fond une mission internationale qui peine à décoller et des divisions profondes entre ses membres permanents.
Des débats stériles pour un pays en détresse
La séance, organisée à la demande de la Chine et de la Russie, vise à examiner la possibilité de transformer la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMSS), autorisée en octobre 2023, en une opération de maintien de la paix sous l’égide de l’ONU. Mais ce qui aurait pu ressembler à une lueur d’espoir pour Haïti semble déjà compromis.
Le contexte ? Un bras de fer diplomatique. D’un côté, les États-Unis et l’Équateur, co-porteurs de la résolution, tentent d’élargir la portée de la MMSS. De l’autre, la Chine et la Russie, sceptiques face à l’historique peu reluisant des précédentes missions onusiennes en Haïti, s’opposent à un engagement plus vaste.
L’ONU : Un géant aux pieds d’argile
Les Nations unies, souvent critiquées pour leur incapacité à intervenir efficacement sur les grandes crises mondiales, se heurtent ici à leurs propres limites structurelles. Les divisions au sein du Conseil de sécurité sont flagrantes. Si l’on ne parvient pas à un consensus sur des crises majeures comme celles en Ukraine ou au Proche-Orient, comment espérer une solution cohérente pour Haïti, un pays historiquement négligé par les grandes puissances ?
Et ce n’est pas la première fois que l’ONU trébuche sur Haïti. Les opérations de maintien de la paix passées, notamment la MINUSTAH, ont laissé un goût amer, marquées par des scandales, des abus, et une épidémie de choléra importée par des Casques bleus. Les critiques, légitimes, alimentent le blocage actuel.
Une mission sous-financée et sous-commandée
La MMSS, actuellement dirigée par le Kenya, illustre les failles du système. Financée par des contributions volontaires et sans véritable coordination, cette mission peine à prendre l’ampleur nécessaire pour répondre aux défis titanesques auxquels fait face Haïti :
- Une insécurité galopante dominée par des gangs ultra-violents.
- Une police nationale dépassée et mal équipée.
- Une situation politique désastreuse, sans gouvernement élu depuis des années.
Face à cela, transformer la MMSS en une opération onusienne pourrait garantir un financement plus stable et une coordination renforcée. Mais l’opposition chinoise et russe, appuyée par des références au passé chaotique des missions onusiennes en Haïti, rend cet objectif difficile à atteindre.
Ironie diplomatique : Haïti, miroir des échecs de l’ONU
Ce nouveau débat met en lumière une triste réalité : l’ONU semble incapable de faire face à ses propres contradictions. Ses idéaux de paix et de coopération internationale se heurtent à des luttes d’intérêts et à une bureaucratie paralysante. Si l’organisation ne parvient pas à agir décisivement sur des crises géopolitiques majeures, pourquoi Haïti, petit État sans poids stratégique, recevrait-il un traitement différent ?
Monica Juma, conseillère kényane à la sécurité nationale, ainsi que deux représentants de la société civile, sont attendus pour briefer les membres du Conseil. Mais au-delà des paroles, les actions concrètes tardent.
Haïti : Une répétition de l’histoire ?
Les réunions comme celle de ce mercredi ne sont que la énième itération d’une routine stérile. Les Haïtiens attendent des solutions réelles, pas des débats sans fin dans des salles feutrées de New York.