L’ancien président de la République Française, Nicolas Sarkozy, déjà condamné deux fois pour d’autres affaires depuis la fin de son mandat se retrouve une nouvelle fois face à la justice. À partir de ce lundi 6 janvier, âgé de 69 ans, il comparaît devant le tribunal correctionnel de Paris pour des accusations lourdes : « corruption passive », « association de malfaiteurs », « financement illégal de campagne électorale » et « recel de détournement de fonds publics libyens ». Ce procès, qui se tiendra jusqu’au 10 avril, concerne le financement présumé de sa campagne présidentielle de 2007.
Aux côtés de M. Sarkozy, douze autres prévenus devront également répondre de leurs actes, parmi lesquels trois anciens ministres – Brice Hortefeux, Claude Guéant et Éric Woerth – ainsi que deux hommes d’affaires accusés d’avoir joué un rôle d’intermédiaires dans cette affaire : Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri.
Sarkozy est un figure toujours influente à droite, est également connu pour ses rencontres régulières avec le président Emmanuel Macron. Marié à la chanteuse et mannequin Carla Bruni, l’ex-chef de l’État, surnommé « l’hyper-président » lors de son mandat (2007-2012), a été condamné dans deux affaires, mis en examen dans une autre et reste visé par deux enquêtes supplémentaires.
Il sera devant le tribunal de Paris quelques semaines après que la Cour de cassation a confirmé, le 18 décembre, sa peine d’un an de prison pour trafic d’influence. Cette peine sera purgée sous forme de port de bracelet électronique.
Le procès actuel découle d’une décennie d’enquêtes sur des accusations selon lesquelles Sarkozy aurait accepté des fonds libyens illégaux – estimés à 50 millions d’euros – pour financer sa campagne victorieuse de 2007. En échange, il aurait promis d’aider Kadhafi à améliorer son image internationale, ternie par des accusations liées à des attentats aériens en 1988 et 1989 ayant fait des centaines de morts.
Sarkozy conteste fermement ces accusations, affirmant qu’il n’a jamais reçu de financement de Kadhafi et qu’aucune preuve ne corrobore ces allégations.
Détermination affichée
Kadhafi, à l’époque, avait visité Paris en décembre 2007, installant une tente au centre de la capitale. Mais la France avait ensuite soutenu l’intervention militaire de 2011 des membres de l’OTAN, une intervention qui divise la Lybie et qui est a la base du développement ou la création des groupes terroristes nuisant les pays du Sahel. C’était l’un des pays riche de l’Afrique malheureusement, pauvre et divisé aujourd’hui.
S’il est reconnu coupable des charges de détournement de fonds publics et de financement illégal, Sarkozy risque jusqu’à 10 ans de prison. Le procès devrait durer jusqu’au 10 avril.
Selon son avocat Christophe Ingrain, Sarkozy aborde ces audiences avec « détermination » et entend démonter les accusations qu’il qualifie de « construction artificielle ».
Parmi les 12 autres accusés figurent des proches de Sarkozy, tels que Claude Guéant, Éric Woerth et Brice Hortefeux. L’avocat de Guéant, Philippe Bouchez El Ghozi, dénonce un dossier bâti sur des « assertions et hypothèses ».
Une affaire aux multiples rebondissements
Selon l’accusation, un pacte aurait été conclu en 2005 lorsque Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, a rencontré Kadhafi à Tripoli sous prétexte de discuter de la lutte contre l’immigration clandestine. La défense de Sarkozy affirme qu’aucune trace de financement illicite n’a été trouvée.
Le scandale a éclaté en avril 2012 lorsque Mediapart a publié un document supposé révéler un accord sur ce financement. Sarkozy a toujours contesté l’authenticité de ce document.
Un homme clé de l’affaire, l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine, avait affirmé avoir remis jusqu’à cinq millions d’euros en espèces à Sarkozy et à son chef de cabinet en 2006 et 2007. Mais en 2020, il s’est rétracté, soulevant des soupçons de pression ou de corruption de témoins.
En octobre 2023, Sarkozy a été inculpé pour subornation de témoin, tandis que Carla Bruni a été accusée l’année précédente de dissimulation de preuves dans cette affaire.