Mercredi 20 novembre 2024 – Encore une réunion au Conseil de sécurité de l’ONU, encore des déclarations bien orchestrées, et une fois de plus, des résultats absents. Alors que la crise en Haïti s’intensifie, l’ONU semble bloquée dans une éternelle danse de débats et d’hésitations, prouvant une nouvelle fois qu’elle sait où investir… mais certainement pas pour le bien-être du peuple haïtien.
Débats Diplomatiques : Beaucoup de Bruit pour Rien
C’est la Russie et la Chine qui ont ouvert le bal, insistant pour examiner la possible transformation de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMSS) en une mission de maintien de la paix officielle. Cette initiative est loin de faire l’unanimité. Tandis que les États-Unis et l’Équateur appuient cette idée, la Russie reste campée sur sa position : l’aide doit passer par le soutien direct à la Police nationale haïtienne et la mission menée par le Kenya, et non par une intervention militaire onusienne. « Le sort des Haïtiens doit être réglé par eux-mêmes, pas par des forces extérieures, » a déclaré le représentant russe avec conviction.
Un discours qui semble bien intentionné… mais les résultats sont toujours attendus. Moscou a qualifié la crise d’« urgente » et « tragique », tout en rejetant la proposition d’une mission de paix sous l’égide de l’ONU. Un paradoxe qui illustre les contradictions de la diplomatie internationale face à un petit pays en détresse.
Des Alliés de Haïti, mais des Résultats Évanescents
De nombreux pays ont fait le déplacement pour soutenir Haïti. Le Canada, la République dominicaine, le Mexique, la Jamaïque, et même le Brésil ont envoyé des représentants pour plaider en faveur d’une véritable mission de maintien de la paix. Chacun a martelé que la situation, déjà désastreuse, pourrait empirer sans une action urgente et coordonnée.
Bob Rae, représentant du Canada, a décrit la réalité sur le terrain : « Les conditions de vie du peuple haïtien sont extrêmement alarmantes et totalement inacceptables. » Malgré ces mots poignants, rien de concret ne semble en ressortir, sauf une série de déclarations vides et un énième tour de piste diplomatique.
Les Grandes Puissances Divisées : Le Spectacle Continue
Les États-Unis, soutenus par la France et l’Équateur, se sont prononcés en faveur d’une transition de la MMSS en une mission officielle de maintien de la paix, espérant ainsi apporter une aide plus substantielle et coordonnée. Pour le représentant américain, il s’agit de « garantir des progrès durables pour Haïti et la région. » Une belle déclaration d’intention… mais qui semble être davantage un exercice de communication qu’une véritable stratégie d’action.
D’un autre côté, la Chine et la Russie rejettent catégoriquement cette idée, critiquant la légitimité des dirigeants haïtiens et jugeant la situation « inadéquate » pour une mission internationale. Ces deux puissances restent sceptiques face aux solutions proposées par les pays occidentaux, accusant l’ONU d’ingérence inefficace.
Un Pays Délaissé par la Communauté Internationale
Haïti, une fois de plus, devient le théâtre de la passivité onusienne. Alors que le Conseil de sécurité continue à se déchirer sur des questions de légitimité et de souveraineté, le pays s’enfonce dans le chaos : une violence des gangs incontrôlable, une police nationale impuissante, et une absence totale d’autorité politique légitime. Les appels à l’aide se multiplient, mais sont noyés dans le brouhaha des intérêts internationaux contradictoires.
Antonio Rodrigue, le représentant d’Haïti à l’ONU, a une nouvelle fois lancé un cri du cœur : « J’encourage les membres du Conseil à répondre favorablement à la demande de mon gouvernement de transformer la MSS en mission de maintien de la paix, pour le bien-être du peuple haïtien. » Mais ses paroles, bien que sincères, se perdent dans l’indifférence générale.
Haïti, Une Crise Oubliée… Jusqu’à la Prochaine Réunion
Il semble que la situation d’Haïti ne soit qu’un sujet parmi d’autres sur l’agenda diplomatique, un enjeu secondaire par rapport aux grands conflits qui captivent l’attention internationale. Les réunions comme celle de ce mercredi se suivent et se ressemblent, laissant les Haïtiens face à une réalité désolante : leur sort n’est pas la priorité des puissants de ce monde.
À la fin de cette énième session, les diplomates ont fait leurs déclarations, les journalistes ont noté quelques citations, et puis… rien. Une réunion de plus, des décisions de moins, et une preuve supplémentaire que la communauté internationale sait exactement où investir : là où ses propres intérêts sont en jeu, pas ceux d’un petit pays en crise.