L’année dernière, Haïti a connu une escalade dramatique de la violence, avec 5 601 personnes tuées et plus de 2 000 blessées par des gangs armés, selon le bureau des droits de l’homme des Nations Unies. Ces chiffres reflètent une situation de plus en plus critique dans un pays où l’État peine à rétablir l’ordre.
Par rapport à l’année précédente, le nombre de morts a augmenté de plus de 1 000, a déclaré Elizabeth Throssell, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, lors d’une conférence de presse à Genève. En plus des décès, 2 212 personnes ont été blessées et 1 494 enlevées par des gangs, accentuant un climat de terreur généralisée.
En décembre, au moins 207 personnes ont été massacrées à Wharf Jérémie, un quartier de Cité Soleil, par le chef de gang Micanor Altes, également connu sous les noms de Wa Mikanò et Monel Felix. Ce dernier a accusé les habitants d’avoir utilisé le vaudou pour rendre son fils malade, avant de commettre des atrocités. Les corps des victimes, mutilés et brûlés, ont été jetés dans l’océan pour effacer les preuves, selon les conclusions de l’ONU.
À peine une semaine après ce massacre, une attaque de gang a frappé la réouverture du plus grand hôpital public d’Haïti, l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti, connu sous le nom de l’Hôpital Général. L’événement, qui avait lieu la veille de Noël à Port-au-Prince, a tourné au drame lorsque des gangs armés ont tiré sur les journalistes et le personnel hospitalier à l’aide de fusils à haute puissance. Deux journalistes, un policier et sept autres personnes ont été tués ou blessés.
L’attaque a eu lieu dans un contexte où les gangs ciblaient fréquemment des installations publiques, notamment des commissariats, des prisons et même l’aéroport international. Ces actions démontrent leur contrôle croissant sur la capitale.
En réaction à ces violences, le ministre de la Santé a été limogé, mais des interrogations subsistent sur les mesures de sécurité mises en place pour protéger de tels événements. Pendant ce temps, des centaines de personnes ont également perdu la vie dans des actes de vengeance populaire. L’ONU a recensé 315 lynchages en 2024, certains étant facilités par des agents de la police nationale.
D’autre part, des unités spéciales de la police sont impliquées dans 281 exécutions sommaires présumées. Ces pratiques accentuent le cycle de violence, alimentant davantage l’insécurité dans un pays en crise.
Face à cette situation alarmante, une mission de soutien à la sécurité, autorisée par les Nations Unies, a été déployée. Un contingent de police militaire guatémaltèque et des spécialistes salvadoriens en aviation sont récemment arrivés pour renforcer les forces multinationales dirigées par le Kenya avec 150 soldats.
Les militaires guatémaltèques fourniront une sécurité aux installations et assureront le contrôle du trafic, tandis que les Salvadoriens se concentreront sur les évacuations médicales. Le commandant de la force multinationale, Godfrey Otunge, a appelé les pays ayant promis de contribuer à la mission à déployer leurs troupes rapidement, soulignant l’urgence de la situation.
En plus des meurtres et des enlèvements, l’insécurité a provoqué le déplacement de plus de 700 000 personnes, aggravant une crise humanitaire déjà grave. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a averti que les armes introduites illégalement en Haïti finissent souvent entre les mains des gangs, intensifiant les violences.
Il a également dénoncé les expulsions forcées de migrants haïtiens. Malgré l’insécurité en Haïti, le pays a reçu deux vols de déportation en provenance des États-Unis en décembre, tandis que la République dominicaine a expulsé plus de 276 000 Haïtiens au cours de l’année.
Volker Türk a exhorté les autorités haïtiennes à briser le cycle d’impunité qui favorise les abus. Il a souligné que la corruption et l’absence de responsabilité alimentent la crise, nécessitant des efforts accrus de la part des autorités locales, avec l’appui de la communauté internationale.
Le Haut-Commissaire a également plaidé pour un renforcement de la supervision au sein de la police nationale, afin de tenir les agents impliqués dans des violations des droits humains responsables de leurs actes.
L’année 2024 a illustré l’ampleur des défis auxquels Haïti est confronté. Entre violences de gangs, lynchages, déplacements massifs et effondrement des services essentiels, le pays reste pris dans une spirale de crise.