Corruption au cœur du MTPTC : des accusations graves
Le directeur départemental du Ministère des Travaux Publics, Transports et Communications (MTPTC) pour le Sud-Est, Luxena Jean-Pierre, est au centre d’un scandale majeur. Un mandat d’amener a été émis contre lui par le parquet de Jacmel pour des faits de corruption présumée. Selon plusieurs plaintes déposées par des citoyens, Luxena Jean-Pierre, en collusion avec un réseau d’employés, aurait utilisé des équipements publics à des fins personnelles et extorqué des fonds.
Une des accusations les plus flagrantes repose sur un reçu prouvant qu’un plaignant a versé plus de 472 500 gourdes, sans que les travaux promis n’aient été exécutés. Ces pratiques, dénoncées par les citoyens et confirmées par des documents, illustrent la gravité des détournements opérés au sein du MTPTC.
Une enquête interne sous pression
Face à ces révélations, le MTPTC a réagi en annonçant, le 4 décembre 2024, la création d’une commission d’enquête. Cette dernière a 72 heures pour soumettre un rapport détaillé sur l’utilisation frauduleuse des équipements publics. Selon le ministère, ces détournements ont été réalisés au détriment de projets d’infrastructures publiques, compromettant gravement la sécurité et la qualité des travaux réalisés dans le Sud-Est.
Le ministère a condamné ces pratiques et réaffirmé son engagement envers l’éthique et la transparence. Cependant, des observateurs dénoncent la lenteur et l’inefficacité des mesures prises dans des affaires similaires, ce qui soulève des doutes sur la volonté réelle du gouvernement de lutter contre la corruption.
Des précédents troublants : l’ombre des anciens parlementaires
Ce scandale fait écho à des révélations antérieures de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC). En novembre 2023, l’ULCC avait mis en lumière le détournement de biens publics par plusieurs anciens parlementaires, dont Joseph Lambert et Wanique Pierre. Ces enquêtes avaient révélé que des engins lourds et matériels appartenant au Conseil National des Équipements (CNE), sous la tutelle du MTPTC, étaient utilisés à des fins personnelles et entreposés illégalement.
Ces affaires récurrentes témoignent d’un problème systémique au sein du MTPTC et des institutions publiques haïtiennes. Si le ministère se dit attaché à la transparence, les citoyens attendent des actions concrètes pour mettre fin à l’impunité. La publication rapide et exhaustive du rapport d’enquête sur le cas de Luxena Jean-Pierre sera un test clé de la détermination du gouvernement à lutter contre la corruption.
Restaurer la confiance publique
Le scandale au MTPTC illustre une fois de plus la profondeur des pratiques corruptives qui gangrènent l’administration publique en Haïti. L’issue de cette affaire pourrait marquer un tournant dans la lutte contre la corruption, mais seulement si des sanctions exemplaires sont appliquées. Dans le cas contraire, la défiance envers les institutions publiques continuera de s’aggraver, affaiblissant davantage la gouvernance du pays.